La ville de Zurich s’engage contre le racisme: elle persiste pour que disparaissent tous les symboles qui rappellent le colonialisme et le racisme. Il faut en finir avec les enseignes «zum Mohrenkopf» et «zum Mohrentanz». Un panneau qui rappelle les liens de certaines familles zurichoises avec le colonialisme ne serait-il pas plus efficace, plutôt que de cacher un passé honteux? On préfère redorer le blason, ou pour mieux dire, la façade.
Le 24 janvier, cette même ville de Zurich décidait de maintenir le jumelage avec la ville chinoise de Kunming, dont les dépenses sont soutenues par Berne. Est-ce-que la forme la plus poussée du racisme n’est pas le génocide? On fait mine de rien. Le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, vient de dénoncer le génocide organisé par le Parti communiste chinois contre les minorités politiques, religieuses et ethniques en Chine, notamment au Xinjiang et au Tibet, bien plus fort que ne l’avait fait son prédécesseur, Mme Bachelet.
Beaucoup d’autorités cantonales et communales vont célébrer, le 21 mars, la Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale. La Commission fédérale contre le racisme, les Bureaux cantonaux pour l’intégration et de nombreuses organisations de la société civile lancent, comme chaque année, des programmes de sensibilisation et des programmes d’action: formation d’élèves facilitateurs dans les écoles, programmes concernant la diversité au sein de la police et le profilage facial. Le Service fédéral de lutte contre le racisme (SLR), dans un rapport récent, basé sur trois cents études scientifiques, vient de souligner que «le racisme structurel est une réalité en Suisse».
«Est-ce que la forme la plus poussée du racisme n’est pas le génocide?»
Tout bon, tout bien, pourvu que l’on ne touche pas aux affaires; comme dans la ville de Zurich et un peu partout, le monde des affaires laisse faire. La lutte contre la discrimination raciale, peut-être, ne durera que cette semaine. Jusqu’à l’année prochaine, on pourra continuer, main dans la main, à renforcer le commerce avec l’économie d’un pays, la Chine, de plus en plus dominé par le Parti communiste, c’est-à-dire le responsable du génocide - c’est-à-dire, il faut le répéter, la forme la plus radicale du racisme.
L’ambassadeur de Chine en Suisse méritera encore le tapis rouge de la part du gouvernement des cantons et de la municipalité des villes suisses, sans que personne n’ose prononcer les mots prohibés: Hong Kong, Xinjiang, Tibet. Quand est-ce que «Tangram», la revue toujours convaincante de la Commission fédérale contre le racisme, va consacrer une rubrique au racisme d’État, décrivant quels sont les pouvoirs publics et les entreprises en connivence avec les pays génocidaires?
Pourquoi ne pas essayer finalement de percer cette paroi étanche entre les initiatives vertueuses contre le racisme et, d’autre part, le monde des affaires, afin que la question de ses responsabilités en faveur des régimes racistes et génocidaires soit enfin résolue? Pourquoi ne pas publier des recherches concernant les infiltrations des régimes génocidaires chez nous, pour persécuter et faire chanter les soi-disant «ennemis du peuple» habitant la Suisse?
Pourquoi les palais de la Confédération, des cantons, des municipalités et des grandes entreprises, le 10 mars, anniversaire de l’agression chinoise au Tibet, n’arborent pas le drapeau du peuple tibétain, désormais en voie de disparition? Quand est-ce que dans l’acronyme EsG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance, représentant les investissements soutenables), la lettre «s», correspondant au secteur social, deviendra finalement majuscule, comme les lettres «E» et «G»?
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Regard éco – Sortons de l’ornière du racisme d’État