Manifestation à GenèveSoixante associations dressées contre le candidat Zemmour
L’appel à la manifestation est lancé. Le lieu de rassemblement sera probablement la place Lise-Girardin ce mercredi.

Le lieu n’a pas été choisi au hasard. Ajouté au vent glacial, il donne une tonalité un peu sinistre à la conférence de presse. C’est en effet juste devant le monument aux morts du 9 novembre 1932, à un jet de pavé d’Uni Mail, que les organisateurs de la manifestation anti-Zemmour ont expliqué leur appel.
Signé par près de 60 associations, dont les partis de gauche, les syndicats, des associations féministes et la nébuleuse antifasciste, le texte s’élève contre la venue à Genève du candidat français d’extrême droite à l’occasion d’une causerie mercredi 24 avec l’avocat Marc Bonnant. Sans réclamer l’interdiction de l’événement, les signataires estiment qu’«il faut faire la démonstration dans la rue, massivement», que leurs idées n’ont pas droit de cité. «C’est une mobilisation indispensable pour éviter de devoir, à plus long terme, faire face aux fruits amers de la banalisation du fascisme et du nazisme», assurent-ils.
Une réunion aura lieu aujourd’hui entre les organisateurs et la police afin de définir les conditions et le parcours de la manifestation: «En partant de la place Lise-Girardin, nous espérons pouvoir nous rapprocher du lieu de la conférence que nous ne connaissons pas pour l’instant», explique Thomas Vachetta, représentant du collectif pour les Mineurs non accompagnés (MNA). L’autorisation peut être délivrée ou refusée rapidement ou la décision peut être prise au dernier moment, nous explique-t-on.
Et si elle n’était pas donnée? «Ce serait le comble! tonne Paolo Gilardi, représentant de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), que le Conseil d’État, qui garantit la liberté d’expression de M. Zemmour, s’en prenne à celle des citoyens manifestant contre lui. Mais une réunion, prévue en début de semaine, évaluera la situation.» Joint plus tard dans la journée, Thomas Vachetta explique que les discussions avec la police se passent bien: «Quatre parcours possibles sont examinés. On verra la semaine prochaine lequel conviendra».

Devant la pierre blanche du monument aux morts, les discours se succèdent. Ils explicitent les raisons des uns et des autres de manifester. Pour cette jeune femme, qui souhaite garder l’anonymat, mais s’exprime au nom des organisateurs, «Éric Zemmour est devenu le porte-parole des idées d’extrême droite en France; de plateau de télé en plateau de télé, il véhicule des idées racistes, antisémites, islamophobes, nationalistes, sexistes et masculinistes.» Les diverses facettes du discours sont ensuite reprises et développées par Inès El-Shikh de l’association des Foulard Violets, ou Marie Hippenmeyer, représentante de la Grève féministe, ainsi que par Paolo Gilardi et Thomas Vachetta.
«Ce serait le comble que le Conseil d’État, qui garantit la liberté d’expression de M. Zemmour, s’en prenne à celle des citoyens manifestant contre lui.»
La Suisse et Genève en prennent aussi pour leur matricule. À entendre certains intervenants, les positions du pays ne seraient pas si éloignées de celles du sulfureux candidat, qui citerait en exemple dans ses discours la politique migratoire helvétique, son interdiction des minarets, de la burqa, etc. Enfin, «le patriarcat, le virilisme et la domination hétérosexuelle» ne sont pas oubliés dans la liste des reproches formulés.
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