1848 Les Vautier conquièrent Carouge la lime à la main
On saura tout, dès janvier prochain, sur l’histoire de la fabrique de limes fondée en 1848 à Carouge par le père de Moïse Vautier. Du 20 janvier au 3 avril 2016, le Musée de Carouge consacrera une exposition à cette famille d’industriels voués pendant cinq générations à produire des outils indispensables aux artisans horlogers et bijoutiers. «Sa production est centrée sur les limes, les burins, les grattoirs et autres outils de précision servant à la fabrication d’accessoires précieux», commente la Commune de Carouge sur son site http://www.carouge.ch/prochaines-expositions.
La rue Vautier perpétue le nom de cette famille sur les lieux mêmes où se dressait la fabrique. Celle-ci a cessé d’exister au début des années 1980. Son plus célèbre propriétaire fut Moïse Vautier (1831-1899), dont le buste se trouve devant l’église Sainte-Croix. C’est le grand homme de la famille, un conseiller d’Etat à la carrière exceptionnellement longue, élu pour la première fois en 1861 et mort en 1899, dans l’exercice de son dernier mandat. Quatre décennies aux affaires, sous les couleurs du puissant Parti radical de James Fazy, dont Vautier fut l’un des plus ardents défenseurs.
De ses années à Saint-Gall, où son père l’a envoyé étudier l’allemand, le jeune Moïse est revenu avec la brillante idée d’une garde rapprochée radicale appelée les Fruitiers d’Appenzell (fruitiers = fromagers). Ces gars-là roulent les mécaniques comme de solides fromagers suisses, au profit du Parti radical et de ses succès électoraux. Dans la nécrologie qu’il consacre à Vautier en 1899, le "Journal de Genève" revient sur le rôle peu reluisant des Fruitiers d’Appenzell: «Les jours d’élections, ils n’hésitent pas à user de la violence pour écarter les adversaires de l’urne, détruire leurs bulletins ou leur substituer des bulletins radicaux, et assurer par ces moyens peu scrupuleux le succès de leur parti. Nous ne savons quelle fut la responsabilité de Vautier dans ces scandales. En tout cas il n’y perdit rien de sa popularité.»