Nouvelle production au Grand Théâtre«Sleepless», le tragique comme fatalité ordinaire
L’œuvre de Peter Eötvös enferme les drames sanglants dans un conte aux reliefs tenus. Un livret modeste pour une musique et une distribution de grande qualité.

Les liens qui unissent la littérature et l’univers musical de Peter Eötvös nous disent depuis longtemps déjà qu’il y a là une symbiose féconde, un dialogue entre disciplines ayant abouti à des productions au succès retentissant. On pourrait évoquer pêle-mêle, dans cette série, «De l’amour et autres démons», de Gabriel García Márquez, «Tri Sestry», variation des «Trois sœurs» de Tchekhov ou encore d’«Angels of America» de Tony Kushner. Aujourd’hui, c’est sur un tout autre horizon que le compositeur hongrois met le cap, en se tournant vers le roman du Norvégien Jon Foss, «Trilogie». L’adaptation de l’œuvre, d’une noirceur épaisse, rebondit ces jours-ci au Grand Théâtre sous le titre évocateur de «Sleepless», dans une coproduction avec le prestigieux Staatsoper de Berlin.