Silvia Bächli marie ses dessins aux œuvres du Musée Barbier-Mueller
La Bâloise a fureté dans les réserves et élu des objets en résonance avec son art.

Imaginez une forme de speed dating entre un masque inuit habité par l'esprit du phoque et quelques lignes taupe sur une page blanche. Entre un visage carnavalesque de Sargans et une herminette stylisée, peinte dans les tons brique. Ou encore entre une tribu de statuettes cycladiques et deux paires d'yeux naïfs dessinés au khôl anthracite.
C'est Silvia Bächli qui a formé ces couples, et elle s'est bien amusée! «Je me suis promenée librement dans les réserves du musée et j'ai pris avec mon téléphone des photos de tous les objets qui me parlaient», raconte l'artiste bâloise. «J'ai ensuite regardé les clichés de tous mes desseins, réalisés entre 1990 et 2017. Et ça s'est passé comme dans l'un de ces jeux de cartes, vous savez, lorsque vous devez observer les correspondances entre les images pour trouver le double ou former des familles…»
Arts lointains rapprochés
Improbables au départ, ces duos nous apparaissent aujourd'hui comme des évidences entre les murs du Musée Barbier-Mueller. L'artiste bâloise a fait de ce mariage entre dix-sept de ses dessins à la gouache et soixante objets appartenant à la collection une exposition à voir jusqu'à l'automne, Arts lointains si proches dans le regard de Silvia Bächli. Le résultat est merveilleux, tout simplement. On ne sait trop comment ni pourquoi, les œuvres s'interpellent, se hèlent d'une vitrine à l'autre et dialoguent dans tous les sabirs de l'émotion. Un filet turquoise peint sur une feuille immaculée étanche la soif d'une statuette au matériau desséché. Une forme géométrique appelle de ses tons terre et eau l'intérieur d'un masque du Burkina Faso. La crinière ébouriffée d'un autre éclate sur la page voisine en épais traits de rouille.
Parfois, comme dans la vie, des accidents se produisent: une ombre projetée s'invite dans le tableau, introduisant l'aléatoire et la surprise dans un décor qu'on pensait figé. «Objets et dessins se donnent mutuellement de la couleur», résume Silvia Bächli. Dans ses mots comme dans ses pinceaux, l'artiste va à l'essentiel, sans fioritures ni prétention. «En l'accolant à un dessin, on voit mieux les plumes d'un oiseau ou le bleu de ses yeux.»
«Une autre sensibilité»
Pour Monique Barbier-Mueller, ravie de l'installation, «c'est une autre sensibilité qui s'exprime ici». Son fils Thierry, propriétaire d'une importante collection des œuvres de Silvia Bächli – dont on ne compte plus les prix et distinctions, qui représenta la Suisse à la Biennale de Venise en 2009 – rebondit: «Je la connais depuis trente?ans. Nous voulions faire intervenir un artiste dans le musée. C'est Laurence Mattet (ndlr: la directrice) qui a eu l'idée de contacter Silvia. Celle-ci s'est sentie tout à fait libre de choisir des dessins de ma collection ou d'autres œuvres, je ne suis pas intervenu.» L'exposition occupe le rez-de-chaussée du musée, ainsi que sa galerie. Dans une salle en contrebas, on a reconstitué un pan d'histoire de la collection, 7000 pièces au total: la réserve de Josef Mueller, père de Monique et beau-père de Jean Paul Barbier, à Soleure.
«Arts lointains si proches dans le regard de Silvia Bächli» Musée Barbier-Mueller, rue Jean-Calvin 10, jusqu'au 28 octobre. 022?312?02?70, www.barbier-mueller.ch. Livre d'artiste en guise de catalogue
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