Votation du 12 mars à Genève«Seuls les gros actionnaires ne sont pas taxés sur l’entier de leurs revenus»
Faut-il taxer 100% des dividendes? Les partisans du projet d’Ensemble à Gauche en font une question de justice sociale et fiscale.

C’est au nom de la justice sociale et entre contribuables que les partisans de l’initiative «Contre le virus des inégalités… Résistons! Supprimons les privilèges fiscaux des gros actionnaires» défendent ce texte d’Ensemble à Gauche. La gauche unie ainsi que des syndicats (SIT et Unia) ont présenté leurs arguments à la presse lundi, en vue de la seule votation cantonale du 12 mars.
Le peuple dira s’il accepte que 100% des dividendes soient taxés à partir du moment où une personne physique détient au moins 10% des actions d’une société. Actuellement, ce sont 60% ou 70% des dividendes qui sont imposés. «Parmi les personnes physiques, seuls les gros actionnaires ne sont pas taxés sur l’entier de leurs revenus», s’indigne le député Jean Batou (Union populaire).
Il entend contrer «la propagande de la droite». Selon elle, l’initiative se trompe de cible en menaçant les propriétaires de petites et moyennes entreprises. «À Genève, 1600 contribuables touchent pour 1 milliard de francs de dividendes par an, cela fait en moyenne 50’000 francs de revenus mensuels par contribuable. Je ne connais pas de petits patrons en difficulté qui touchent une telle somme en dormant, comme le disait François Mitterrand.»
Trou dans la démocratie
Pour le député socialiste Sylvain Thévoz, l’initiative cible bien les grosses fortunes, dont certains propriétaires de multinationales. «À la droite de prouver que les petits patrons seraient touchés, mais le Conseil d’État oppose le secret fiscal. Cette opacité forme un trou dans la démocratie.»
Bernard Clerc (SolidaritéS) juge inégalitaire, également, que les petits actionnaires soient, eux, taxés sur l’entier de leurs dividendes. «83% des actionnaires de la Banque Cantonale de Genève ont entre une et 50 actions, ce sont pour beaucoup des retraités.»
Les Verts, explique leur représentante Lynn Bertholet, ne veulent plus du statu quo mais auraient souhaité une solution intermédiaire, comme une taxation de 80% ou 90% des dividendes, ou alors une distinction entre les actionnaires purement spéculateurs et les patrons qui mettent leur fortune dans leur entreprise.
«Il y a un vrai intérêt à rediriger les investissements dans l’économie réelle et l’emploi plutôt que dans l’économie de casino.»
«Mais la droite, arrogante, n’a pas voulu de contre-projet à l’initiative, refusant toute discussion», ajoute Sylvain Thévoz, qui refuse de céder au «chantage à l’effondrement de l’économie». En trente ans, en Suisse, continue Jean Batou, la part des bénéfices distribués en dividendes est passée de 30% à 70%; la part réinvestie dans les entreprises a suivi le chemin inverse. «Il y a un vrai intérêt à rediriger les investissements dans l’économie réelle et l’emploi plutôt que dans l’économie de casino.»
Or, disent les partisans du texte, l’urgence climatique et la crise sociale commandent de donner des moyens nécessaires aux collectivités publiques. On parle de 120 millions à 210 millions de revenus fiscaux en plus pour l’État et les communes.
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