Se baigner dans le Rhône est-il dangereux? Les autorités vous répondent
Peut-on plonger sans arrière-pensées dans ce fleuve magnifique en admirant le paysage? Pas si vite, répondent les acteurs chargés de la sécurité. Des précautions sont indispensables.
Se baigner dans le Rhône est-il dangereux? La question revient chaque été. Avec plus d'acuité après un décès, comme celui du jeune touriste colombien qui a perdu la vie près du pont Sous-Terre à la fin du mois de juin. Cette question de la dangerosité a été fréquemment posée, samedi, à l'occasion de la journée de prévention organisée par le Département du territoire (DT) avec la police de la navigation, les SIS et les SIG. Que peut-on répondre?
«Le Rhône est dangereux si vous vous y risquez sans précautions, comme une piste noire peut être dangereuse pour celui qui ne sait pas skier», répondent les sergents Yann Weber et Stéphane Chuat du Service d'incendie et de secours. A quoi faut-il faire attention? Ne pas se jeter brusquement dans l'eau après avoir bu, mangé et être resté un long moment au soleil. A cause du risque d'hydrocution. «Le diaphragme se bloque et votre respiration est coupée. La surprise est telle que vous buvez la tasse, vous paniquez et risquez de couler», détaillent les hommes du SIS. Que faire dans un cas pareil?, demandent Sophie et Dominik qui viennent presque tous les jours nager dans le Rhône après leur journée de travail. «Se calmer, bien respirer, lentement et profondément pour que les choses rentrent petit à petit dans l'ordre».
Plus facile à dire qu'à faire lorsqu'on est paniqué au milieu du fleuve. Pour cette raison, Yann Weber et Stéphane Chuat conseillent d'entrer dans l'eau tout doucement en se mouillant progressivement. Et si l'on veut sauver quelqu'un qui se noie? Même chose. «Mieux vaut prendre un peu de temps plutôt que de se retrouver avec deux noyés». Au-delà de six minutes sous l'eau, sans respirer, les dégâts sont irréversibles, indiquent les deux hommes qui comptent environ 40 à 50 interventions par saison. La police relève un décès en 2016, deux l'année suivante et un seul à ce jour en 2018. Et comment peut-on connaître le débit du fleuve? En consultant le site www.hydrodaten.admin.ch.
Le jeune Colombien qui a trouvé la mort fin juin, se trouvait sur l'une des quatre plages éphémères créées dans le Rhône, indiquent les hommes du SIS. Grâce au gravier qui y a été amoncelé, le baigneur a pied dans ces quatre endroits. Mais cette sécurité peut s'avérer trompeuse, car lorsqu'il dépasse le périmètre de la plage artificielle, l'eau devient soudain très profonde comme si l'on tombait dans un trou. C'est ce qui est, semble-t-il, arrivé au jeune touriste. Il aurait voulu rejoindre des amis se trouvant plus au large sans se rendre compte que les eaux devenaient soudain profondes.
Autre danger: se jeter dans l'eau sans en mesurer la profondeur - la visibilité n'est pas toujours bonne - et se retrouver avec une fracture. «Aujourd'hui le débit est de 103m3 à la seconde, soulignent les deux hommes, jusqu'à demain 18h lorsque les vannes du Seujet seront ouvertes». Dès que le débit devient plus fort, les dangers augmentent, préviennent-ils. Traverser le fleuve prend plus de temps et d'efforts. Des tourbillons peuvent se créer. Et l'on a avantage à ne pas manquer le dernier ponton avant la jonction du fleuve avec l'Arve dont la température ne dépasse pas 12 degrés... «Finalement, nous préférons nager en piscine!» concluent Donia, 27 ans et Odile, 19 ans. Leur ami, Nicolas, lui, est bien décidé à faire l'expérience, mais accompagné par un autre nageur et après avoir pris tous les renseignements nécessaires.
Patricia, 54 ans, habite depuis de nombreuse années dans un immeuble qui surplombe le fleuve. Elle est aussi venue écouter les conseils de prévention bien qu'elle ne sache pas nager. «J'ai la phobie de l'eau». Elle a pourtant pris des cours et des leçons. Sans succès. Elle ne le regrette pas vraiment. «Je me promène presque tous les jours le long des berges du Rhône, c'est mon Amazonie à moi, sa couleur émeraude me fascine». Ce qui la dérange? Les déchets qu'elle retrouve régulièrement après les pique-niques sauvages et qui dénaturent ce si beau paysage.
Sur le fleuve, des petites embarcations dérivent tranquillement vers la Jonction. Beaucoup de baigneurs arborent des sacs de couleurs vives pendant qu'ils nagent. De quoi s'agit-il? De sacs? De bouées? Les deux. Ces contenants étanches sont remplis d'air. On peut y placer ses habits et les faire naviguer avec soi. Ils peuvent aussi faire office de bouées. «On les trouve dans les magasins nautiques», explique Carlos, enseignant, qui profite des vacances scolaires pour nager tous les jours. La mode viendrait de Berne, semble-t-il. «J'ai entendu dire qu'un homme a traversé l'Aar avec son costard dans ce sac, avant de se sécher et de s'habiller de l'autre côté de la rivière pour se rendre au bureau», raconte-t-il. Les sergents Weber et Chuat confirment la mode de ces sacs. Une mode utile et bénéfique qu'ils saluent.
A noter que demain dimanche, une nouvelle journée de prévention est prévue dès 14h. Avec les autorités à nouveau mais aussi avec les jeunes gens de la patrouille pédestre de la Barje, gérante de la buvette de la promenade des Lavandières, qui arpentent inlassablement le sentier des Saules pour prodiguer eau fraîche et conseils en tout genre aux futurs baigneurs.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.