Festival de CannesScorsese a enflammé Cannes avec ses deux stars, DiCaprio et De Niro
L’hystérie était de mise pour assister aux deux séances uniques de «Killers of the Flower Moon» sur la Croisette.

Martin Scorsese. Ce fut bien lui, la star de Cannes. À 80 ans, le metteur en scène new-yorkais aura connu les séances les plus effervescentes de la quinzaine. Mais la cohue était prévisible. Le festival n’avait prévu que deux séances en tout et pour tout des 3 heures 36 de «Killers of the Flower Moon». Clairement pas assez pour tous ceux qui avaient envie de participer à l’événement.
Quatre jours plus tôt, la billetterie explosait déjà et les tickets partaient en quelques secondes, sauf pour les accrédités munis d’un bon badge. Mais les incidents de surbooking survenus à l’Almodóvar en avaient échaudé plus d’un. Au point que la queue pour l’accès au film a débuté plus de deux heures avant. Pour faire simple, certains ont perdu plus de six heures de leur vie pour le film.
Depuis l’annonce de la sélection, le délégué général de Cannes, Thierry Frémaux, espérait que le film accepte de figurer en compétition. Mais la production et Scorsese lui-même ne le désiraient pas. C’est donc une séance spéciale qui a accueilli ce long face-à-face entre Leonardo DiCaprio et Robert De Niro.
Leçon de mise en scène
Passé le léger malaise du début de séance – le logo du site Apple sifflé, comme tous les géants du streaming –, le film déploie sa raison d’être et propose une leçon de mise en scène magistrale que seul le réalisateur de «Taxi Driver» semble aujourd’hui posséder dans le cinéma américain. L’ampleur de la saga, tirée d’un roman de David Grann et située dans l’Oklahoma des années 20, s’impose dès les premiers plans. Le film débute plus ou moins avec le rappel d’une série de meurtres frappant des Amérindiens de la tribu Osage, lesquels se sont enrichis grâce au pétrole. Ces crimes font place à un règne de la terreur qui fera l’objet d’une longue enquête du FBI et opposera deux hommes joués par deux stars qui ne s’étaient jamais rencontrées à l’écran devant la caméra de Scorsese, DiCaprio et De Niro.
Le récit, plus encore que les cadrages, est diaboliquement bien structuré, et ne trouve sa justification que dans l’ultime séquence du film, qu’évidemment on taira ici. «Killers of the Flower Moon» laisse aussi l’impression d’un film d’adieu. Sans être crépusculaire, le long métrage semble prendre congé d’un monde, le laisser derrière lui, et Scorsese lui-même vient le parapher. C’est à la fois beau et émouvant. Et oui, DiCaprio y fait l’une de ses plus belles performances.
Mais derrière les tonnerres d’applaudissements qui ont clos les deux séances, la question demeure entière. Que se serait-il passé s’il avait été en compétition? Aurait-il supplanté les autres concurrents en se démarquant directement? Ou au contraire, s’en serait-on débarrassé avec un prix d’honneur dont les palmarès cannois ont le secret? On ne le saura jamais.
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