
Dans le contexte actuel, comment lutter contre l’érosion du pouvoir d’achat des Genevoises et Genevois? Comment agir face aux risques liés à l’inflation et à l’accroissement des inégalités socio-économiques? Quelles sont les propositions ou projets à l’étude au sein des partis pour y répondre? Un député de gauche et une députée de droite s’expriment.
Des projets de loi en faveur des locataires
Selon les instituts de sondage, le pouvoir d’achat se trouve au deuxième rang des préoccupations des Suissesses et des Suisses, juste après la santé et devant le réchauffement climatique, la fiscalité, l’immigration ou la sécurité. Personne n’est épargné par l’inflation. Celle-ci contribue à l’augmentation des primes d’assurance maladie. Elle a un impact sur le coût de l’énergie, mais aussi sur le niveau des loyers ainsi que sur le prix des matières premières. La classe moyenne, les personnes à faibles revenus ainsi que les personnes à l’aide sociale ont de très bonnes raisons de s’inquiéter pour leur avenir.
Le Conseil d’État à majorité de gauche a annoncé en novembre dernier un plan de lutte contre le renchérissement. Ciblant ces trois catégories vulnérables de la population, le plan est axé sur une triple augmentation des subsides d’assurance maladie, de l’allocation au logement et du forfait d’entretien. Ainsi, il reconnaît la nécessité d’aider de façon ciblée les plus pauvres et non seulement la classe moyenne. Creusées par la pandémie et la guerre en Ukraine, les inégalités socio-économiques exigent une action déterminée des collectivités publiques.
Cependant, le camp bourgeois et l’extrême droite refusent de s’engager dans cette voie. Ils continuent à prôner l’austérité tout en s’attaquant aux acquis sociaux. Ainsi, juste avant les Fêtes, la Commission de l’économie du Conseil national a voté une motion affaiblissant les salaires minimums cantonaux vis-à-vis des conventions collectives de travail nationales. Le texte adopté par cette chambre permettra aux employeurs de ne pas respecter les barèmes minimums cantonaux dans une branche si une convention collective nationale avec un barème plus bas est en force. Fin novembre 2020, le canton de Genève était pourtant devenu le quatrième canton de Suisse à adopter un salaire minimum, suite à un vote sans équivoque (58% en faveur du oui). Aucun·e élu·e de la droite genevoise ne s’est opposé·e à la récente décision du Conseil national. Celle-ci représente un camouflet pour la gauche et pour les syndicats. Elle pose un grave problème car elle bafoue la démocratie directe et le fédéralisme, deux piliers de notre système politique.
À Genève, l’hypocrisie et la mauvaise foi de certains milieux conservateurs s’observent aussi sur un autre dossier. La droite et les milieux immobiliers, surfant sur les appels à la sobriété qui se font entendre actuellement, somment les locataires de prendre en charge l’augmentation des frais de chauffage dans les immeubles qui ne respectent pas les normes environnementales. Or, les locataires n’ont strictement aucune influence sur l’enveloppe thermique du bâtiment, pas plus que sur le choix des installations de chauffage! Pour tordre le cou à cette politique indigne d’extorsion des locataires, les Socialistes ont déposé deux projets de loi permettant le versement d’une «allocation pour charges excessives» aux locataires et une augmentation de l’impôt immobilier complémentaire (IIC) pour les propriétaires des immeubles.
Le principal levier est la fiscalité
Avec une inflation de l’ordre de 2,5% sur un an en décembre 2022, une augmentation du prix de l’électricité de 22% au 1er janvier, et la hausse constante des primes d’assurance maladie, la classe moyenne est directement concernée par le renchérissement du coût de la vie. Sans aide de l’État, touchée par une fiscalité sur le revenu au barème à la très forte progressivité, elle subit par ailleurs depuis longtemps déjà le coût de la vie très élevé du canton de Genève. Il y a donc urgence à agir.
Le principal levier est la fiscalité. Cet automne, Le Centre a fait des propositions concrètes pour atténuer les effets de l’inflation. Il a notamment demandé l’indexation annuelle à l’inflation des déductions légales et non tous les cinq ans, comme le prévoit actuellement la loi. Cette mesure concrète permettra de limiter les effets du renchérissement du coût de la vie en la compensant entièrement.
Le Centre a également proposé d’offrir rapidement une bouffée d’air à toutes les familles genevoises, en leur proposant d’augmenter les déductions pour charge de famille de leur feuille d’impôt, dès la prochaine période fiscale. Nous proposons ainsi de relever les charges des familles de respectivement 17’000 fr. pour charge entière et 8500 pour une demi-charge.
Cependant, ces mesures ponctuelles ne pourront suffire à moyen terme. Notre canton n’échappera pas à une refonte totale de la fiscalité des personnes physiques afin de réduire de manière globale la charge fiscale qui pèse sur la classe moyenne. Il s’agira d’un chantier cardinal pour la prochaine législature.
Par ailleurs, ces mesures fiscales doivent être complétées en matière sociale par l’amélioration des dispositifs d’aide pour les bas salaires. Plutôt que de multiplier les dispositifs, comme le proposent certains, il convient de s’assurer que les dispositifs existants parviennent déjà bien à leurs potentiels bénéficiaires. C’est la raison pour laquelle Le Centre s’engage en faveur de l’automaticité de l’octroi des prestations complémentaires familiales (prestations pour les familles dont au minimum l’un des parents travaille à 90%) sur le même modèle que celui des subsides d’assurance maladie.
L’ensemble de ces mesures s’accompagnent de mesures prises au niveau fédéral, grâce au groupe du Centre, comme l’indexation complète des rentes AVS au renchérissement du coût de la vie.
La question du pouvoir d’achat restera centrale ces prochaines années. Elle mérite une action globale et concertée avec l’ensemble des acteurs, et particulièrement les entreprises, qui jouent un rôle fondamental. Ainsi, l’augmentation des allocations familiales pour l’année 2023 n’aurait pas été possible sans elles. Le Centre s’engage pour préserver la force et le sens de l’innovation du tissu économique de notre canton, source d’emplois et de revenus. Il convient aussi ici de souligner l’importance de renforcer cette dynamique.
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Face à face – Sauver le pouvoir d’achat
Comment agir face aux risques liés à l’inflation et à l’accroissement des inégalités? Un député de gauche et une députée de droite s’expriment.