Addiction aux États-UnisSan Francisco s’effondre, minée par la drogue
Débordante d’activité avant la pandémie, la ville est devenue le repaire sordide de consommateurs de fentanyl, un opiacé plus puissant que l’héroïne.

Sur la 7 Rue, au coin de Mission Street, non loin du bâtiment fédéral, un homme d’un âge incertain, en chaussettes trouées, titube sur le trottoir. Il vient de s’injecter une dose de fentanyl, cet opiacé synthétique mortel, cinquante fois plus puissant et trois fois moins cher que l’héroïne, qui dévaste aujourd’hui San Francisco. Ses quelques pas mal assurés sur des jambes flageolantes supportent à grand-peine sa carcasse cassée. Il s’effondre au ralenti sur le bitume, face vers le ciel, yeux vitreux, grands ouverts, sous le regard indifférent des passants désormais coutumiers du pathétique spectacle. «C’est horrible, mais les gens se sont habitués, déclarera plus tard Jacqui Berlinn, dont le fils de 31 ans, Corey, erre quelque part en ville en quête de sa dose. Il y a quelques mois, un jeune homme est mort par overdose et son cadavre est resté onze heures dans une rue du centre, sans que personne ne réagisse. Les gens le contournaient.»