L’image était forte, elle est restée dans les mémoires. En avril 2019, un village de tentes poussait au petit matin sur la plaine de Plainpalais, à l’initiative d’un collectif d’associations locales actives dans le domaine de l’urgence sociale. Le campement symbolique dénonçait le manque de moyens octroyés pour lutter contre le sans-abrisme.
Trois ans plus tard, les moyens ne sont toujours pas là. Les tentes, elles, ont été distribuées depuis longtemps. Sur les réseaux sociaux, elles constituent même l’outillage de survie le plus recherché du moment.
Dans le même temps, qui est mauvais, plus de 200 personnes sans logement ni ressources viennent de retrouver la rue, faute de moyens financiers supplémentaires pour les héberger dignement. L’image de ce vendredi 1er avril n’avait rien de symbolique. Elle était celle d’une réalité locale qui fait honte.
Certains élus continuent à penser qu’il suffit d’ouvrir des salles de gym en hiver pour soutenir cet effort collectif de mise à l’abri des plus démunis.
La balle est dans le camp de la Ville et des communes genevoises. Avec la neige revenue, il est moins facile de botter en touche. Le ballon s’alourdit. Certains élus continuent à penser qu’il suffit d’ouvrir des salles de gym en hiver pour soutenir cet effort collectif de mise à l’abri des plus démunis.
Pour eux, le SDF reste cette abstraction à trois lettres, une figure invisible que la guerre en Ukraine et ses conséquences ne font malheureusement que renforcer. Sous les ponts, dans les parcs, les camps de fortune affrontent ce week-end le retour de l’hiver.
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Éditorial – Sans-abri, le retour en hiver
Plus de 200 personnes ont été poussées à la rue ce vendredi matin, dans le froid, sous la neige, «faute de moyens», nous dit-on, alors que les finances de l’État et des communes sont florissantes. Un très mauvais poisson d’avril.