Salon du livre: Max Lobe fait monter le suspense dans un bus
Jusqu'à dimanche à Palexpo, l'auteur genevois présente son livre «Loin de Douala»

Le quatrième livre du Genevois d'origine camerounaise Max Lobe édité chez Zoé brille aussi par sa couverture. On y voit un autoportrait du photographe sénégalais Omar Victor Diop, réalisé d'après une aquarelle de 1913 de l'orientaliste catalan José Tapiro y Baro. «Ce photographe m'a bouleversé, confie Max Lobe. L'image de couverture appartient à une série qui s'appelle «Diaspora», dans laquelle l'artiste s'est représenté dans différentes poses et tenues inspirées par des portraits historiques de Noirs émigrés. Par exemple Jean-Baptiste Belley, le seul conventionnel noir pendant la Révolution française, d'après son portrait de 1798 par Girodet. Et sur chacune de ces reconstitutions, il y a un clin d'œil anachronique au football!»
Le ballon que tient le bel Omar sur la couverture de «Loin de Douala» a son rôle à jouer dans le nouveau roman de Max Lobe. L'aventure qu'il raconte avec brio concerne deux jeunes gens partis de Douala en autocar vers la frontière nord du Cameroun, à la recherche de leur frère et ami qui a pris le chemin de l'émigration clandestine par amour du football. L'éventualité d'un accident et la proximité du champ d'action des terroristes de Boko Haram rendent l'expédition très risquée. Le suspens s'installe et ne se relâche pas jusqu'à la dernière page.
«J'avais prévu la suite de leur histoire dans mon premier manuscrit qui comptait 300 pages de format A4. Il a fallu réduire beaucoup. C'est ça aussi, le travail d'écriture. À moins d'avoir la capacité de faire un grand roman américain, ce qui n'était pas gagné pour moi, il a fallu choisir un angle et s'y tenir, afin que je ne perde pas la lecteur en route. La fin est très ouverte, mais si je publie la suite, ce sera dans longtemps. Après d'autres livres, qui sait, pourrait-on retrouver un jour Simon, Jean et Roger?»
Max Lobe apprécie qu'on lui demande s'il a vécu lui-même ce qu'il raconte: «C'est très plaisant, car c'est l'un des objectifs du romancier de donner au lecteur cette illusion de témoignage. Pourtant chaque livre que j'écris est une fiction pure, qui s'inspire bien sûr de ce que j'ai vu et de ce que j'ai entendu. Dans le cas de «Loin de Douala», ce que j'ai fait, c'est le trajet suivi par mes personnages. En écrivant, je me suis trouvé vraiment dans mon élément lorsque j'ai commencé le récit du voyage. La rédaction des scènes préliminaires à Douala a été plus laborieuse. Mon déplacement vers le nord du Cameroun, par cette même route empruntée par les migrants, remonte à décembre 2015. C'est encore frais dans ma mémoire. Je faisais alors un reportage sur le Cameroun et Boko Haram, qui a été publié en trois parties dans «Le Monde». Comme Jean et Simon, j'ai pris le bus et le train, j'ai assisté aux «poses prière» en usage dans la partie musulmane du pays, alors qu'au sud, plus chrétien, ces mêmes arrêts servent à se nourrir et à se désaltérer. J'ai remarqué non sans étonnement des prostituées au travail à Maroua, à quelques dizaines de kilomètres avant la frontière avec le Nigeria, région où règne l'islam radical.»
Dans son roman, le jeune auteur rend ce périple joyeusement vivant: «J'ai voulu partir d'en bas, de relations de famille, deux frères, leur ami, leurs mères, pour effleurer, je dis bien effleurer, de grands problèmes politiques. La corruption, l'émigration, le terrorisme, j'en fais comprendre l'existence par le biais du voyage et du football. J'évoque le poids de la menace de Boko Haram au milieu d'un paysage à couper le souffle, dans lequel rien, excepté les contrôles militaires, ne trahit la folie des hommes.» Un regret à ce stade de la carrière de Max Lobe? «Oui, ne pas encore être édité en Afrique. Les droits de «Confidences», pour lequel j'ai reçu le prix Ahmadou Kourouma 2017, ont été proposés à des conditions avantageuses au Cameroun, mais rien n'a bougé jusqu'à maintenant. Ça m'attriste car ce livre parle de l'histoire de l'indépendance de mon pays natal.»
«Loin de Douala» de Max Lob, Ed Zoé, 173 p. Dédicace au Salon du livre, sa 28 avril de 16 à 17 h, stand des Editions Zoé, et di 29 avril de 15 h 45 à 16 h 45 au Salon africain.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.