Faites quelque chose de vraiment idiot et laissez courir la polémique, ça vous fera une publicité d’enfer. Dans le monde anglo-saxon, on appelle cela du «bullshiting». À vous le plaisir de la traduction.
On réécrit les livres de Roald Dahl, «Charlie et la chocolaterie» n’aura plus de «gros», ni les «Sacrées sorcières» de crânes chauves. Au bénéfice, dit-on, d’une bien-pensance en pleine éruption.
Pour l’heure, l’affaire ne concerne que la réédition anglaise du romancier. Même si, au passage, il faudra bien intégrer le fait que, nonobstant ses merveilleux bouquins, Roald Dahl a lui même tenu des propos d’une stupidité affolante. Pas dans ses écrits, heureusement, mais en interview. La famille s’est du reste récemment excusée de son antisémitisme.
Roald Dahl vend toujours énormément. Que faire alors pour enjoliver le tableau?
Surtout, Roald Dahl vend toujours énormément. Que faire alors pour enjoliver le tableau? Lisser son œuvre, pardi. Faire amende honorable pour dégonfler tout potentiel polémique. Cette même polémique qui enfle, et enfle encore. Et finira bien par s’épuiser. Ce qui est fait n’est plus à faire, juste?
Dans un an, deux ans, c’est l’industrie du cinéma, précisément de la vidéo à la demande, qui va se goinfrer. En 2021, Netflix a racheté tout le catalogue Dahl pour 500 millions de livres (560 millions de francs environ). En 2022, la multinationale annonçait la suite. Films, séries, comédie musicale également: les projets d’adaptation de Roald Dahl se comptent par dizaine.
Une bonne histoire réclame toujours sa morale? La réécriture de Roald Dahl dit combien les entreprises du divertissement sont cyniques. D’une prétendue défense des minorités, l’argument marketing a fait une farce, qui ne vise qu’un seul but, le profit. Les minorités? Elles ne feront qu’en pâtir un peu plus encore.
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Éditorial – Censure littéraire – Roald Dahl et le cynisme du marketing
Au prétexte de la défense des minorités et des personnes marginalisées, les ayants droit du romancier anglais ne cherchent rien d’autre que le profit.