Je suis friand de conseils concernant les séries à la mode. Celles qui changent les idées, ont des concepts originaux, et je trouve que les mettre en valeur aide à mieux comprendre l’époque.
C’est ainsi que je suis tombé raide dingue de la série comique en cours de diffusion à Lausanne. C’est génial. Déjà, il apparaît novateur qu’une ville ose se lancer avec une telle ambition. Certes, ils ne prennent pas de risques – Lausannegrad est dirigée par un parti unique – mais cela traduit leur sens aigu de l’autodérision.
Pour se lancer, ils n’ont pas lésiné. Ils ont fait de l’une des membres de la Municipalité un genre de scénariste ad hoc afin de pérenniser une volonté de mise en lumière urbaine, celle du slogan de la série: «Ville qui rigole jamais n’en a ras le bol».
La municipale Verte Natacha Litzistorf est pour l’instant en charge de l’écriture des épisodes. Le premier pilote, diffusé l’été dernier, intitulé «Objectif canopée», était désopilant. Elle avait imaginé une histoire où la ville, en lutte contre le dérèglement climatique, remplaçait des arbres par des essences résistant mieux à la chaleur et ombrant l’avenir de leurs bienfaits. Mais dès le début du mois d’août, quatre mois plus tard, certains de ces super chênes de Hongrie étaient morts, secs sur racines. Avouez que c’est culotté, de se «planter» avec des glands, comme rebondissement environnemental comique.
La deuxième saison fait plus fort avec «Patinoire surgelée». On touche au chef-d’œuvre. Natacha Litzistorf invente une patinoire en plastique – c’est plus écolo – entre le cheni d’un chantier CFF arrêté et les gaz des bagnoles passant à côté. Évidemment, il n’y a personne ou presque. Parce que c’est très moche, et surtout que la patinoire… gèle quand il fait froid (de la glace se forme sur le plastique), ou fait des gouilles d’eau la rendant impraticable s’il pleut (elle est vaguement pentue, ou mal posée). Après cette série de gags hilarants, le sommet de l’épisode: qui va payer la facture? La scénariste aimerait envoyer la note de 300’000 francs aux CFF, mais ils sont déjà morts de rire.
Vu le succès, les saisons du printemps et de l’été sont déjà en écriture, les projets sur la table. On murmure par exemple le lâcher libre de 3000 moutons sur la place de la Gare: voitures et piétons devraient slalomer au milieu des bêlements et fientes glissantes, histoire d’intégrer le rapport moderne entre urbanité et campagne agricole. Et pour la canicule d’été, on entend parler d’un épisode mettant en scène une place de jeux construite élégamment en métal noir: des enfants se brûleraient tous les jours de beau temps, ce serait trop rigolo pour les aider à comprendre que le soleil, c’est très mal.
Bravo, continuez, formidable série, l’une des plus drôles jamais vues. Et c’est à côté de chez vous.
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1000 vies – «Rires in the City»