«Puissiez-vous vivre une époque intéressante.» Cette aimable malédiction attribuée aux anciens Chinois a pris tout son sel en 2020.
Que dire de cette année, si ce n’est qu’elle fut intéressante effectivement, et qu’on se serait volontiers passé de sa composante la plus marquante, l’épidémie, qui aura tué plus de 6000 fois en Suisse et provoqué un effondrement économique d’une ampleur historique dont les répliques n’ont pas fini d’être ressenties.
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Dans notre société, d’ordinaire assez satisfaite d’elle-même, cette remise en cause est brutale. Il faut le dire: en comparaison internationale, le nombre de nos décès et de contaminations par millions d’habitants est mauvais. Et comme partout, des secteurs économiques sont en perdition.
Mais on aurait tort de ne voir que nos faiblesses, niant ainsi nos réussites. La récession enregistrée en 2020 sera sévère, mais pas abyssale, comme en témoignent les bons chiffres cantonaux de la croissance du troisième trimestre; les services de santé privés et publics ont tenu. Les amortisseurs de crise (assurances chômage et maladie, services d’aide divers) ont joué leur rôle. Crucial pour l’avenir, la Confédération et les cantons ont largement mis la main au porte-monnaie pour soutenir l’économie, enterrant au passage quarante ans d’orthodoxie néolibérale.
L’an prochain s’ouvrira progressivement un nouvel épisode: la sortie de crise. Comment le réussir? En tirant sobrement les leçons de nos échecs, en affrontant courageusement les défis créés, en misant sur les principes démocratiques de solidarité et de soutien mutuel, qui demandent plus aux forts qu’aux faibles, plus aux riches qu’aux pauvres, et n’épargnent personne. Si tel est le cas, nous aurons passé «une période intéressante» sans trop de mal.
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L’éditorial – Réussir notre sortie de crise