Rendre justice à la politique urbaine de Genève
La nouvelle a surpris. Le rapport d'Avenir Suisse sur les politiques urbaines des plus grandes villes suisses a classé Genève en dernière position. Mais le diable se cachant dans les détails, l'étude comprend de nombreuses erreurs méthodologiques et lacunes démontrant un manque flagrant de connaissances du fonctionnement politique romand et, plus spécifiquement, genevois.
Publiée la semaine dernière par Avenir Suisse, think tank libéral, l'étude intitulée «20 Jahre Schweizer Stadtpolitik» compare les politiques publiques des dix plus grandes villes suisses sous l'angle de la «Smart City libérale». De quoi s'agit-il? Selon les rédacteurs de l'étude, une ville moderne, attractive et prospère doit inscrire sa gouvernance dans cinq axes principaux: modernité/smart; libéralisme; efficacité; durabilité, urbanité. Pour chacune de ces dimensions, Avenir Suisse a développé un système de classement qui évalue ces qualités à travers 47 indicateurs spécifiquement développés pour l'occasion.
Les résultats apparaissent sans appel: Zürich première, Genève dernière. Dans quatre dimensions, la ville de Genève obtient la dernière place et dans un cas, celui de l'urbanité, elle arrive en avant-dernière position après Lucerne, Berne, Lausanne, Bâle ou Winterthur.
Une question se pose: Genève, avec sa réputation internationale, avec son économie florissante et ses investissements dans la durabilité, la culture et l'innovation, mérite-t-elle vraiment le titre de cancre des villes suisses? L'objectif ici n'est pas de défendre ou d'enjoliver la politique de la Ville de Genève, mais de rétablir un degré d'objectivité et certaines vérités vis-à-vis des assertions d'Avenir Suisse.
En posant des questions fermées qui ne laissent aucune place à la nuance ou aux explications, en raison d'une méconnaissance du fonctionnement politique local et d'un manque d'investigation, les rédacteurs de l'étude ont pris le risque de la décrédibiliser.
Premièrement, l'étude confond les prérogatives et les compétences cantonales et communales. Ainsi, la Ville de Genève reçoit peu voire zéro point pour l'absence de programme d'intégration, de centre de gestion du trafic, d'E-gouvernement ou de développement économique. Or, c'est regrettable, car à Genève, ces questions sont sous la responsabilité du canton dont les actions dans ces domaines sont saluées et reconnues, qui voit par exemple sa contribution au ménage fédéral encore augmenter et ascender à 300 millions pour 2019, preuve de sa pleine capacité économique.
Deuxièmement, alors que cette étude vise à évaluer les villes selon la proactivité de leurs politiques publiques, et non en fonction d'attributs qu'elles ne peuvent maîtriser (géographie, politiques cantonales et fédérales, etc.), la ville de Genève paye le prix de sa densité. C'est, par exemple, le cas quand elle est classée dernière en matière de construction, alors que le canton n'a jamais autant construit, avec ses quelque 5000 logements actuellement en cours.
Troisièmement, plusieurs indicateurs sont basés sur la comparaison entre les performances de la municipalité de Genève et des communes avoisinantes. Ainsi, alors même qu'elle affiche d'excellents scores en chiffres absolus en termes de développement du marché de l'emploi ou de revenus fiscaux, elle est paradoxalement pénalisée par les résultats encore meilleurs des communes riveraines. C'est la rançon d'une géographie politique interne capricieuse et surannée, peu compréhensible à l'extérieur.
Alors cancre, Genève? Assurément pas. Si les rédacteurs zurichois d'Avenir suisse se donnent la peine d'approfondir, ils découvriront une cité dynamique, à la pointe de l'innovation, à la croisée des mondes internationaux, culturels, économiques et académiques, dont les effets de la politique urbaine peuvent certainement s'améliorer mais qui dispose d'atouts solides à faire valoir. Encore faut-il vouloir réellement les comprendre.
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