Sorties livres, BDRelire Florence Aubenas ou Edmond Rostand
La journaliste compile ses archives dans «Ici et ailleurs», tandis qu’Astrid Chauvineau relit les classiques et Hermann invite à relire le début d’une saga qu’il achève.

«Cyrano de Bergerac» conquiert autrement
Revisite Offensive de charme Astrid Chauvineau, agrégée de lettres modernes et éditrice chez Flammarion, s’est donné pour mission de rendre les classiques sexy. Au risque de froisser les puristes qui ne jurent que par les versions in extenso des géants de la littérature, la jeune érudite a «simplifié» l’approche de grands textes. Voir son «Bourgeois gentilhomme», ou ces jours, «Cyrano de Bergerac».

Réduit à huit scènes, la fable d’Edmond Rostand pourrait paraître castrée de son amplitude. Sa séduction demeure néanmoins, grâce à des notes en marge au fun inspiré, des illustrations rigolotes qui décomplexent. De quoi retourner au texte original ensuite.

Même démarche dans la collection lancée en mars, qui annonce carrément la couleur. Sous leurs couleurs pop de couvertures acidulées, les «Osez (re)lire…» roulent pour les monuments avec audace. Voir «Proust, 25 extraits pour rattraper le temps perdu», revu par Alice Jacquelin, «Hugo: 25 extraits pour se sentir immensité», d’Emilie Sermadiras, ou encore «Molière: 25 extraits pour se tordre de rire» introduit par Claude Bourqui et Marc Escola. CLE
«Cyrano de Bergerac»
Edmond Rostand, scènes choisies et commentées par Astrid Chauvineau
Ed. Flammarion, 96 p.
Florence Aubenas, profession journaliste
Essai Grand reporter au journal «Le Monde» depuis 2015, Florence Aubenas s’est taillé une solide réputation de chroniqueuse sur le fil du réalisme romanesque. Voir «Le quai de Ouistreham» ou «L’inconnu de la poste» où l’écrivaine se fondait littéralement dans le paysage pour mieux le sonder.

Dans cette compilation d’articles de terrain, la Bruxelloise évite de mettre en scène, tente la neutralité sur des sujets chauds. Des barricades des «gilets jaunes» au front de l’Ukraine, etc., ici journaliste à plein temps, elle décrypte «toutes les guerres» qui enflamment l’opinion. Le naturel la rattrape pourtant souvent. Ainsi cette fine observatrice sait aussi donner à comprendre beaucoup en suivant «La femme des Cévennes» exilée dans les bois, sujet d’étude sans doute moins spectaculaire mais pourtant éloquent quant à l’humeur sociétale contemporaine. Un bulletin météo qui glace. CLE
«Ici et ailleurs»
Florence Aubenas
Éd. de l’Olivier, 355 p.
Hermann cavalcade avec son fils
BD Cette fois, c’est le bout de la piste pour Morgan Finch alias Duke. À raison d’un album par an depuis 2017, Hermann et son fils Yves H. ont mené à terme un western au ton sombre. Tireur d’élite habitué à la violence, le héros de cette saga souvent tortueuse va finir par arracher sa dulcinée, la jeune prostituée Peg, des griffes de l’ambigu King.

Cela ne se fera pas sans coups de feu. Après force péripéties autour d’un magot de 100 000 dollars, l’affrontement final a bien lieu entre Duke et son commanditaire. Le suspense et l’action dominent le septième et ultime tome d’une épopée douloureuse.

À 84 ans, le dessin d’Hermann reste encore d’une belle tenue. Mais il a perdu en précision, particulièrement dans les visages. Mêlant violence et désenchantement, le scénario d’Yves H. s’éloigne délibérément des classiques du genre. Du bon et du moins bon. PMU
«Duke», t. 7
Hermann et Yves H.
Ed. Le Lombard, 56 p
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