La lutte contre le dérèglement climatique emprunte parfois des chemins contradictoires. À l’heure où la mobilité terrestre représente un quart des émissions de CO₂ produites par les Genevois, l’aménagement d’une voie verte traversant le canton s’impose comme une évidence. Ce grand projet de mobilité douce n’a d’ailleurs souffert d’aucune contestation lors de ses passages devant les parlements cantonal et municipaux.
Or, comme tout le monde semble le découvrir, le chantier implique de couper des arbres par dizaines. C’est le cas à Carouge aujourd’hui, ça l’était déjà à Chêne-Bourg hier – et le sera aux Acacias demain. C’est regrettable, sachant qu’en termes d’absorption de CO₂ ou d’ombre produite, un arbre «préservé» vaudra toujours mieux que toute compensation, fût-elle d’«un arbre abattu pour trois replantés».
«On est toujours plus intelligent après.»
Était-ce évitable? On pourra arguer que le tracé de la Voie verte, dont une première étude de faisabilité remonte à 2009, aurait pu être différent. On est toujours plus intelligent après. Passer par le pont de la Fontenette pour rejoindre la piste cyclable existante? Les arbres auraient été préservés, mais les vélos auraient dû retraverser l’Arve plus en aval, au prix de dangereux croisements de routes.
Oui, les procédures d’aménagement sont trop lourdes, trop longues. Oui, l’urgence climatique commande une flexibilité nouvelle. Une capacité à remettre en question des projets dont l’unanimité prévalait encore quelques années auparavant. Mais cela occulte notre responsabilité historique: notre maison brûle depuis des décennies et nous avons tous regardé ailleurs.
À Genève comme partout, les autorités n’ont plus face à elles que des choix difficiles. Elles sont ainsi condamnées à prendre des décisions imparfaites.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Réchauffement: l’heure des décisions imparfaites
L’abattage de dizaines d’arbres pour ériger la Voie verte entre Carouge et les Acacias fait mal. Mais il n’est qu’une conséquence de notre attentisme climatique.