
Genève, 21 mars
En Suisse, environ 200’000 seniors peuvent à peine vivre de l’AVS et sont à la limite de la pauvreté. À Genève, canton cher, beaucoup de personnes âgées vivent aussi chichement et bénéficient d’aides limitées à cause de critères stricts et de démarches décourageantes. En parallèle, à Berne, le Conseil des États a refusé d’augmenter la rente mensuelle de 14 francs et a rejeté la 13e rente AVS.
Cela démontre que les séniors ne sont que très rarement pris en considération par les partis dominants. Non seulement à cause de ces refus à Berne, mais aussi, que fait-on avec 14 francs de plus par mois? Même pas de quoi payer une heure d’accompagnement par un étudiant pour aller prendre l’air…
Enfin, on entend dans les médias que les personnes âgées doivent rester «le plus longtemps possible» à la maison. Oui, à condition d’avoir une vie digne. Et pour cela, il faut compter sur les proches aidants (souvent des femmes)! Ces derniers vont se charger de diverses tâches administratives, les aider à se laver, vérifier la prise de médicaments, parler avec la pharmacie, chercher les mots pour les convaincre d’accepter des aides-soignants à domicile (qui sont différents à chaque visite…), les accompagner aux examens médicaux, les inviter à un événement culturel ou sportif, les encourager à bouger, leur faire à manger, etc.
Que fait-on pour les personnes proches aidantes? Savent-elles qu’elles le sont d’ailleurs? Alors qu’au début, elles aident de manière «naturelle», elles vont, peu à peu, donner plus de leurs temps, de leur énergie, et quelquefois baisser leur taux d’activité, donc leurs salaires (ce qui influence leur propre retraite). Sans compter l’impact sur leur santé. Il ne suffit pas d’afficher de l’information sur internet.
Il est nécessaire de faire de la prévention auprès du proche qui accompagne son parent, déjà chez le médecin de famille. C’est là, dès le début, qu’il faut le rendre conscient de ce que cela va impliquer avec le temps et lui donner des informations, quitte à lui demander s’il ou elle souhaite être enregistré-e pour recevoir plus de pistes de réflexion par courrier ou e-mail.
La qualité de vie et la cohésion sociale passent aussi par une reconnaissance plus évidente des personnes âgées et des proches aidants: par une simplification des démarches administratives aux prestations complémentaires, par des critères d’aide, par une fiscalité ou des soutiens financiers adaptés à l’aidant et à l’aidé.
Jacqueline Roiz, conseillère municipale en Ville de Genève, Les Verts
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Lettre du jour – Qui pense aux proches aidants?