Élection partielleLe PLR renonce à présenter un candidat et refuse son soutien au PDC et à l'UDC
Grosse soirée politique: Qui lancer au second tour? Les Vert'libéraux, le PLR, le PDC et l'UDC débattent de leur stratégie pour l'élection partielle au Conseil d'État qui aura lieu le 28 mars. La «Tribune de Genève» vous propose de suivre les débats sur le vif.
La PDC Delphine Bachmann sera donc bien présentée par son parti, malgré l'absence de soutien du PLR. La liste sera connue demain.
Le vote est lancé. Première question: faut-il présenter un candidat PLR? C'est non par 110 voix, 56 oui. Le soutien au PDC est également refusé par 117 voix, contre 40. Faut-il soutenir la candidature de l’UDC Yves Nidegger? C’est également non par 116 voix et 42 oui. La liberté de vote est la résultante de ces positions. L'assemblée est close.
Le PDC aurait décidé de lancer Delphine Bachmann au Conseil d'État, informe Nathalie Fontanet. Claude Haegi reprend la parole. «Les leçons de moralité fatiguent. Ce qui m'inquiète ce n'est pas cette élection, mais l'avenir du PLR. Il faut se réunir. Au moins la liberté de vote permettrait-elle de tenir compte de la diversité des avis et ne pas se diviser. On est en train d'élire la représentante des Verts, c'est fait! Entre Nidegger, le PDC! Le mieux à faire, c'est prendre du recul et reconstruire.» Bertrand Reich explique que la candidature PDC est potentielle: «Si nous présentons un candidat, le PDC n'en présentera pas. Il n'y a pas de trahison.»
L'assemblée du PDC décide d'envoyer une candidate à l'élection complémentaire. Ce sera la députée Delphine Bachmann, qui est également la présidente du parti. Dans le cas ou le PLR ne présenterait aucun candidat.
C'est une petite surprise en regard du très bon score réalisé par Michel Matter au premier tour (près de 10% des voix). L'assemblée des Vert'libéraux qui s'est tenue lundi a décidé à une large majorité de ne pas présenter le conseiller national au second tour. Le parti ne donnera pas non plus de mot d'ordre pour soutenir un autre candidat.
Bertrand Reich rappelle les mots d'ordre du comité directeur: non à un vote pour Maudet, oui à un autre candidat PLR ou PDC, non à un autre candidat Vert libéral ou UDC.
La ministre PLR des finances Nathalie Fontanet est la dernière à intervenir. «Je n'entend pas me prononcer sur le candidat Pierre Maudet. Mais il faut un message politique fort. Si c'est de ne pas laisser passer la gauche? En appelant à voter M. Maudet? En présentant un candidat? En soutenant quelqu'un d'autre? Notre parti doit être clair pour nos électeurs. Il faut un message», dit-elle.
Le chef du groupe des députés PLR Yvan Zweifel se dit «fatigué de cette discussion. La gauche, complètement divisée, s'unit quand il le faut, rappelle-t-il. Pendant ce temps la droite continue à voir les balles passer et continue à ne surtout pas s'allier. En 2023, il y aura cinq partis de droite, la plupart proches du quorum. Deux, voire trois resteront sur le carreau». Il poursuit: «Présenter quelqu'un sans dire qui est irresponsable, dit-il. Ne rien dire l'est autant Soutenir Pierre Maudet? Nous n'aurions aucune crédibilité. Nous avons été trompé par lui et il est difficile de faire comme si rien ne s'était passé.» Il termine en appelant à voter pour le candidat UDC Yves Nidegger.
L'UDC Genève confirme dans un communiqué de presse avoir décidé ce soir de continuer la campagne en vue du second tour. «Nous remercions sincèrement Yves Nidegger de poursuivre son engagement en faveur de notre canton et de sa population et appelons cette dernière à le soutenir afin de répondre aux attentes manifestées hier dimanche 7 mars.»
Le parti estime que son candidat «incarne désormais non seulement la seule alternative à la politique menée jusqu'ici et rejetée par la population, mais aussi de la droite dans son ensemble.»
La conseillère nationale est du même avis que M. Lüscher: «Laissons à la présidence quelques heures pour proposer un choix crédible aux électeurs», propose-t-elle.
Christian Lüscher intervient depuis Berne. Le conseiller national estime que le PLR ne peut pas s'abstenir d'avoir un candidat. «De quoi aurions-nous l'air, nous le PLR, parti gouvernemental, de soutenir un candidat PDC? Nous devons présenter quelqu'un. Qui? Une femme? Ce ne serait pas se griller du tout, mais rendre service au parti.» Il condamne aussi la liberté de vote. «Ce serait voter Pierre Maudet, une personne condamnée, mais présumée innocent, qui a menti, qui a fait preuve d'une immoralité définitive sur toute une série de points. Notre parti doit assumer ce qu'il est et préparer une candidature pour 2023».
L'ancienne conseillère d'Etat Martine Brunschwig-Graf annonce qu'elle votera blanc. «Aucun des candidats ne répond aux valeurs que je défends. L'UDC a choisi de facto de favoriser l'élection de Fabienne Fischer, Devons-nous présenter un autre candidat? Ce serait une injure à Cyril Aellen de présenter une personne sortie ce soir d'un chapeau ce soir. Il a expliqué avec honnêteté ses difficultés. La solution est de voter blanc. Il faut l'accepter. Pour nous le discours n'est plus sur les personnes, mais sur le projet à défendre.»
Le Parti du Travail était également réuni ce lundi soir. Son candidat, Morten Gisselbaek, se retire. Les militants soutiendront Fabienne Fischer au deuxième tour de l’élection complémentaire au Conseil d’Etat. «Les membres du Parti ont longuement débattu de l’opportunité de soutenir une candidature et un mouvement politique dont les aspirations et la pratique du pouvoir ne correspondent pas aux positions de notre parti, indique un communiqué. Le Parti du Travail est cependant convaincu qu’une réélection de Pierre Maudet est un horizon inacceptable. Ses nombreuses années passées en tant que magistrat communal et cantonal ont été marquées par de la casse sociale et une politique hostile aux classes laborieuses.» Le parti exige en revanche de Fabienne Fisher une augmentation des inspections dans les entreprises pour vérifier les conditions de travail des apprentis, une opposition à tout renvoi par vol spécial et un soutien à l’initiative conjointe de l’Alternative et des syndicats pour taxer les grandes fortunes.
La présidente de l'UDC, Céline Amaudruz, confirme que son parti maintient la candidature d'Yves Nidegger pour le deuxième tour.
L'ancienne conseillère d'Etat abonde dans le sens du député Hiltpold. «Qu'est-ce qui est bon pour nos institution? Pierre Maudet en se représentant savait qu'il divisait la droite et torpillait le parti. Ce n'était pas responsable. Il est brillant, certes, mais qu'a-t-il apporté vraiment à Genève. Le remettre au Conseil d'Etat, c'est ouvrir une crise institutionnelle. Comment ses collègues pourront-il travailler avec lui?». Elle défend la liberté de vote.
Le député est plus critique. Il trouve que le soutien PDC ne s'est pas matérialisé dans les urnes. Puis il pilonne un éventuel soutien à Pierre Maudet: «La politique, dit-il, ce sont des valeurs. Il faut s'interroger sur la notion de probité et sur un éventuel candidat condamné pénalement. M. Maudet a-t-il été entrepreneur, indépendant, travaillé, payé un salaire, licencié? Non. Il y a une défiance des entreprises envers la politique, liée au non respect des valeurs. Les entreprises doivent montrer patte blanche pour tout et nous, nous soutiendrions Pierre Maudet? Vous l'engageriez comme directeur financier, comme membre du conseil d'administration? Non. A titre personnel, je lui pardonne, mais il faut avoir des valeurs». Le député propose de laisser passer le tour et de construire 2023.
Un jeune PLR intervient. Il défend la liberté de vote. «Qu'est-ce qu'on gagne si on soutient l'UDC, questionne-t-il? Et si on soutient M. Maudet nous afficherons notre désunion. Ce serait contradictoire aux postions du comité directeur alors qu'il n'a pas fait recours contre son exclusion.»
Un autre ancien président du PLR intervient. Alain-Dominique Mauris rappelle que le parti est divisé depuis longtemps: «si nous ne prenons pas sur nous, nous serons dans la même position dans deux ans.» Que faire? «Il faut une majorité de centre droit au Conseil d'Etat, Maudet serait secondaire.» Il refuse l'absence de mot d'ordre. L'alliance avec l'UDC? «Notre parti n'est pas mûr», assure-t-il.
Gilles Rufenacht soutient l'idée de «faire barrage à Fabienne Fischer». Comment? L'ancien candidat interne au PLR à la partielle propose de ne soutenir personne. Il faut se préparer à 2023 dès maintenant.
Le député martèle l'impossibilité de laisser passer une «verte d'extrême gauche, dogmatique absolue». Nous devons prendre acte du choix: notre électorat a préféré Pierre Maudet à tout autre candidat de droite. Maintenant, soit nous ne recommandons personne, ou une candidature de traverse ou nous le soutenons. Cette solution nous offre la meilleure chance d'éviter le désastre, qui menace.
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