La culture au temps du Covid-19Que font les musées genevois derrière leurs portes closes?
Privés de visiteurs par la pandémie, les cabinets de curiosités qui abritent notre patrimoine ont continué de bourdonner de mille activités. Nous sommes allés visiter les coulisses de dix d’entre eux.

Des musées, le public ne voit que les vitrines. Expositions temporaires ou collections permanentes lui offrent sur un plateau les joyaux de chaque institution. Il ignore tout de ce qui se mitonne en coulisses. Aujourd’hui les visiteurs trouvent portes closes. Mais que se passe-t-il derrière celles-ci? On s’active. Le personnel prépare le prochain accrochage, affine les stratégies de médiation, rénove les lieux, mandate des artistes et partout, se centre sur la mission originelle des musées: prendre soin des œuvres, les étudier et gérer les collections. On jette un coup d’œil?
Le Musée d’ethnographie enquête sur l’histoire de ses objets

Le Musée d’ethnographie (MEG) a inscrit la recherche en provenance en tête de ses priorités. Chaque pièce doit pouvoir raconter son histoire: d’où vient-elle, qui l’a déposée là, pourquoi et dans quelles circonstances? Huit institutions suisses, dont le MEG, prennent part à une enquête nommée Initiative Benin, qui vise à retracer le parcours des objets provenant du royaume du Bénin, au Nigeria. Sa capitale, Benin City, a été mise à sac par les soldats britanniques en 1897. Tous ses trésors ont été pillés et rapportés en Europe. Le MEG détient neuf objets qui pourraient avoir un lien avec cette tragédie. Afin d’établir la vérité, il faut tirer cela au clair. Floriane Morin, la conservatrice du département Afrique, nous explique comment procéder.
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Au Mamco, l’inventaire de la collection devient une exposition

Vingt ans que le Musée d’art moderne et contemporain (Mamco) n’avait pas dressé l’inventaire de ses trésors. On s’y est attelé. Tout a été listé, situé, ausculté, photographié, numéroté, étiqueté. Chaque chose à sa place, et les œuvres d’art seront bien gardées! La numérisation, ensuite. Soixante pour cent de la collection est aujourd’hui digitalisée. Et que va-t-on montrer aux visiteurs lorsqu’on sera autorisé à les accueillir dans quelques jours? Lionel Bovier, le directeur, a senti venir une année délicate et décidé de travailler avec les moyens du bord: pas d’emprunts, pas d’accueil d’artistes, la nouvelle exposition s’appelle «Inventaire» et permet de (re)découvrir les pièces appartenant au Mamco.
Envie de découvrir cette exposition en avant-première? C’est par là
Le Musée Ariana prépare septante affiches

Au Musée suisse de la céramique et du verre, on a dû se faire une raison: l’exposition «Chrysanthèmes, dragons et samouraïs» n’avait pas reçu son premier visiteur qu’il fallait déjà le prier de sortir. Mais entre les murs de l’Ariana, tout reste en place. On ouvre demain, ou presque. Il faudra toutefois stimuler l’attention du public durant le printemps, des fois qu’il aurait perdu le goût de cheminer jusqu’au musée. Une campagne d’affichage est prévue en mai sur le réseau culture de la Ville de Genève, pour laquelle septante posters doivent être confectionnés. Des volontaires?
Pour aller colorier à l’Ariana, suivez le lien
Un drone prend pour cible les visiteurs du Musée de la Croix-Rouge

Vous pourrez tenter l’expérience dès le 27 avril: être suivi par un drone qui déterminera si vous êtes un «gentil» ou un «méchant» lorsque vous visiterez le Musée international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (MICR). Son directeur, Pascal Hufschmid, a donné carte blanche à cinq artistes pour intervenir dans l’exposition permanente, en lien avec la nouvelle exposition du MICR, «Concerné-e-s. 30 artistes face aux questions humanitaires». Marta Revuelta a opté pour un zeppelin qui captera tous vos mouvements et décidera, grâce à l’intelligence artificielle dont on l’a doté, si vous devez être pris pour cible. Inquiétant, non?
Envie d’observer le zeppelin de plus prêt? C’est ici
Rénovation, auscultation, publication et numérisation

Contraints de refuser les visiteurs, tous les musées genevois ont reformulé leur agenda et leur cahier des charges pour cette année 2020-21. Chacun a mené de front plusieurs projets. Nous avons picoré six travaux d’Hercule: l’étude de la peinture française du XIXe siècle au Musée d’art et d’histoire, en collaboration avec l’Université de Genève; l’affinage du projet de rénovation et de nouvelle scénographie au Musée de la Réforme; la publication de l’extraordinaire collection de papillons de Jacques Plante, le compositeur de «La Bohème» et ami de Charles Aznavour, au Muséum d’histoire naturelle; le passage de la fiche papier et manuscrite à la numérisation de la collection chez Barbier-Mueller; la redécouverte des «grands formats», ces œuvres immenses stockées dans les combles de la Fondation Martin Bodmer; l’établissement d’un portrait-robot pour chacune des 756 céramiques chinoises de la collection Baur.
Pour partir explorer ces six derniers musées, par ici

je les suis sur Instagram, très intéressant ce qu'il propose :)