En déclarant à la presse hexagonale que «les Français ne connaissent pas bien l’économie», Bernard Arnault a relancé la polémique sur l’utilité sociale des milliardaires. Mais derrière la polémique médiatique se cache une vérité ; les Français ont de graves lacunes en économie, et pas que… Voilà des semaines que plusieurs personnalités de gauche françaises ont sonné l’hallali sur les milliardaires, accusés de détourner à leur profit une partie de la richesse produite dans le pays. À vrai dire, c’est ce qui s’appelle avoir «des problèmes de riches» ; car si certains à Paris rêvent de voir nos plus grandes fortunes disparaître (et avec eux, leurs entreprises et leurs milliers d’emplois créés), dans la quasi-totalité des pays du monde, on rêverait d’avoir la moitié de ces grandes fortunes chez soi.
Une rhétorique agonistique dangereuse qui profite d’un terreau fertile: la mauvaise compréhension de la macro-économie, réduite dans l’inconscient collectif de bon nombre de citoyens français à une sorte de «gros gâteau» dont ceux qui profiteraient des plus grosses parts priveraient les autres. Enfantin, mais faux. Et si la petite phrase de Bernard Arnault «les gens ne connaissent pas bien l’économie» a été abondamment critiquée et moquée sur les réseaux sociaux, elle n’en demeure pas moins, malgré sa forme «abrupte», largement vraie.
Selon un sondage Opinion Way de 2018, les deux tiers des Français reconnaissent même «ne pas avoir les connaissances nécessaires pour comprendre l’économie». Une ignorance qui coûte cher ; selon l’économiste américain Edmund Phelps - prix Nobel d'économie en 2006 - ces lacunes font perdre à la France un point de croissance chaque année! La méconnaissance des mécanismes de l’économie libre par le personnel politique français, toutes tendances politiques confondues, est assez paradoxale pour un pays historiquement réputé pour la qualité et le dynamisme de ses entrepreneurs…, à tel point que dans l’histoire, le mot «entrepreneur» est passé tel quel dans la langue anglaise! Les raisons de cette déconnexion sont multiples, mais fort heureusement réversibles ; personnel politique quasi jamais issu de l’entrepreneuriat, omniprésence de l’État dans la vie économique qui laisse penser que le rôle du secteur privé est secondaire, insuffisance des formations dispensées pendant la scolarité…
Des lacunes sur lesquels prospèrent les discours marxistes de guerre de classe, mais aussi les discours malthusiens et décroissants de certains écologistes français. Car un minimum de connaissance sur le fonctionnement de l’économie de marché suffit pour comprendre que préservation de la planète et capitalisme ne sont pas antinomiques, ils sont même complémentaires ; l’indice de performance environnementale de l’Université de Yale mesure chaque année le degré de protection de l’environnement de chaque nation, de la préservation de la biodiversité jusqu’au réchauffement climatique. Et année après année, le verdict demeure le même: plus une nation est riche, plus elle protège l’environnement. Plus sa société est prospère, plus elle peut se permettre d’encadrer avec des normes strictes sa production industrielle. Plus une société voit ses besoins primaires assouvis, plus elle est prête à faire des sacrifices pour protéger la nature.
La corrélation avec l’indice de liberté économique – qui distingue les pays les plus favorables à l’entrepreneuriat privé – est tout bonnement stupéfiante. Dans les deux cas, les Pays-Bas, les pays scandinaves et surtout la Suisse trustent le haut du classement. Dans les deux cas, les pays les plus pauvres et les plus autoritaires sont aussi les plus gros pollueurs. Moralité: écologistes français, si vous voulez sauver la planète, protégez l’entreprise. Et si vous voulez rendre service à la nature, ayez pour modèle la Suisse, plutôt qu’une Zad.
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L’invité – Quand on est nul en économie, on l’est en écologie