La France n’est pas le seul pays en Europe qui déploie des mesures pour contrer les effets de l’inflation et soutenir le pouvoir d’achat de sa population. C’est en revanche le seul qui, entre les mesures déjà prises depuis l’automne dernier et le nouveau paquet qui arrive maintenant devant le parlement, aura déboursé quelque chose comme une cinquantaine de milliards d’euros. Peut-être même plus si le paquet devait être amendé.
Certes, il y a là une culture politique qui fait de l’État le protecteur ultime du citoyen, l’instance responsable de tous les maux et celle qui doit parer à tous les chocs. C’est le diagnostic maintes fois établi d’une France accro à la dépense publique qui, depuis 1974, soit six présidents, n’a pas connu un seul exercice non déficitaire. Inutile d’y revenir.
Mais il y a un autre problème, que le débat sur le pouvoir d’achat a tendance à occulter, presque à escamoter: c’est la question des salaires. Pour une partie non négligeable de la population, les niveaux salariaux sont tellement bas qu’une inflation de quelques dizaines d’euros par mois est déjà insupportable et oblige les gens à couper dans l’essentiel. On parle de nourriture, pas de vacances ou de cinéma.
Ces ménages d’une extrême fragilité, où l’on travaille mais où les fins de mois sont un cauchemar, Emmanuel Macron ne les voit pas. Il n’en parle pas, ou si peu, et quand il le fait, c’est pour dispenser l’argent de l’État.
Les seuls partis politiques à en parler vraiment sont LFI et le RN. Il est difficile de dire dans quelle mesure cela explique leur progression mais il n’est pas sain, dans un pays comme la France, qu’un problème social aussi préoccupant ne soit pris en compte que par des partis aux solutions radicales, et ignoré du pouvoir en place.
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Éditorial – Problème de pouvoir d’achat ou de salaire?