Réforme des retraites adoptéeNi dissolution, ni remaniement, ni référendum
Lundi soir, le gouvernement français a évité de peu d’être renversé par le parlement et la réforme des retraites a été adoptée. Emmanuel Macron doit s’exprimer mercredi.

Très en retrait pendant toute la contestation, Emmanuel Macron va s’adresser aux Français mercredi pour tenter de désamorcer une situation hautement inflammable, mais n’envisage pas de décision radicale pour sortir de la crise provoquée par l’adoption au forceps de la réforme des retraites.
Ni dissolution du Parlement, ni remaniement du gouvernement, ni référendum sur les retraites: les participants à une réunion du camp présidentiel à l’Élysée mardi matin ont indiqué que le chef de l’État n’envisageait aucune de ces options, mais avait demandé à ses troupes de faire des «propositions» en vue d'«un changement de méthode et d’agenda des réformes».
Le président français doit s’exprimer mercredi à la mi-journée dans une interview en direct sur les chaînes TF1 et France 2, alors que la tension reste très vive dans le pays. Il doit continuer ses consultations politiques toute la journée de mardi, suspendues cependant en matinée pour aller accueillir à l’aéroport l’ex-otage Olivier Dubois, enlevé au Mali en avril 2021 et de retour en France.
300 arrestations
Près de 300 personnes (287), dont 234 à Paris, ont été interpellées lundi soir en France lors de manifestations contre l’adoption de la réforme des retraites après le recours à l’article 49.3 de la Constitution, a-t-on appris mardi de source policière.
À Paris, où les manifestants par petits groupes mobiles ont déambulé dans les arrondissements du centre en brûlant poubelles, vélos et divers objets, les sapeurs-pompiers sont intervenus 240 fois, selon cette source policière.
Dès le rejet par les députés des motions de censure entraînant l’adoption définitive de la réforme par le parlement, de nombreuses manifestations émaillées d’incidents se sont déroulées dans plusieurs grandes villes de France.
À Donges (ouest), les forces de l’ordre sont intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour débloquer le terminal pétrolier, occupé depuis une semaine par des grévistes, a constaté un photographe de l’AFP. Une source proche des grévistes jointe par l’AFP avant la fin de l’intervention a fait état «d’affrontements».
Mardi matin, le gouvernement a annoncé des réquisitions de personnel au dépôt pétrolier de Fos-sur-Mer (sud-est) face au blocage.
Tout au long de la journée lundi, la colère s’était illustrée par de nouveaux rassemblements, des piquets de grève, des routes bloquées, des transports perturbés ou encore des stations-service à sec pour la première fois depuis le début du conflit social.
Les forces de l’ordre «ont un devoir d’exemplarité» dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, a affirmé mardi Elisabeth Borne, alors que des syndicats d’avocats, de magistrats et des politiques de gauche dénoncent des violences policières.
Réaction de Macron
Pour tenter de ramener le calme, Emmanuel Macron va s’adresser aux Français mercredi lors d’un entretien télévisé, une intervention très attendue.
Le président français répondra mercredi à 13h aux questions des journalistes dans une interview en direct sur TF1 et France 2, ont annoncé l’Élysée et les chaînes.
Avant cela, Emmanuel Macron va consulter tous azimuts pendant toute la journée de mardi pour ressouder son camp et tenter de rebondir alors que son second quinquennat apparaît déjà entravé après moins d’un an.
Il doit recevoir à 09 h la première ministre Elisabeth Borne, en première ligne, qui a échappé de peu la veille au renversement de son gouvernement, avec le rejet à neuf voix près d’une motion de censure transpartisane à l’Assemblée nationale.

«Je suis déterminée à continuer à porter les transformations nécessaires à notre pays», a assuré lundi soir la première ministre, conviée à l’Élysée avec plusieurs ténors du gouvernement et les chefs de la majorité relative.
Emmanuel Macron doit ensuite déjeuner avec Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher, présidents de l’Assemblée et du Sénat, avant une réunion en soirée avec les parlementaires du camp présidentiel.
Surprise
Grâce à la procédure décriée du 49.3, qui permet à un texte d’être adopté sans vote sauf si le gouvernement est censuré, la réforme – qui prévoit notamment le recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans – a été officiellement adoptée lundi.
Cet épilogue parlementaire, qui s’est joué par un vote plus serré qu’attendu (avec notamment 19 députés Les Républicains (LR, droite) sur 61 apportant leurs voix à la motion de censure transpartisane), n’a toutefois pas fait retomber la pression sur l’exécutif. Au contraire.
«Le combat continue», ont scandé tous les leaders de la coalition de gauche Nupes.
Recours
Les opposants à la réforme comptent notamment sur des recours devant le Conseil constitutionnel, également saisi par Elisabeth Borne, et ont dégainé une demande de référendum d’initiative partagée (RIP), dont les Sages doivent examiner la recevabilité. Certains veulent continuer aussi le combat dans la rue.
Jean-Luc Mélenchon, leader de La France Insoumise (gauche radicale), a appelé à «une censure populaire» qui doit «s’exprimer «massivement, en tout lieu en toutes circonstances».
«Rien n’entame la détermination des travailleurs», a prévenu de son côté le puissant syndicat CGT, tandis que le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger a appelé à la mobilisation pour la prochaine journée de grèves et de manifestations prévue jeudi.
Laurent Berger s’est aussi dit inquiet de la «colère» et des «violences» qui pourraient s’exprimer du fait de l’adoption d’une loi qui n’avait «pas de majorité à l’Assemblée nationale».
AFP
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