Poutine sort ses missiles pour séduire ses électeurs et impressionner les Américains
Jeudi, à deux semaines de la présidentielle, le chef du Kremlin a conclu son traditionnel discours à la nation par un show à la gloire des nouvelles capacités balistiques russes.

«Le discours de Poutine a tué la présidentielle!» Dans la foule chauffée à blanc par l'adresse annuelle, jeudi, du chef du Kremlin, cet invité parmi les 1500 triés sur le volet n'a pas de doute: en sortant ses missiles, le président a ciblé les Américains et gagné les voix des Russes. Une double victoire en pleines tensions avec les Occidentaux et à deux semaines d'une présidentielle de toute façon orchestrée et gagnée d'avance par Vladimir Poutine. Après déjà dix-huit ans au pouvoir. «Quel spectacle!» se réjouit le patron d'un des géants bancaires publics russes. «Pas une menace, un avertissement à vous les Occidentaux…», ironise un sénateur.
Visage froid et ton calme, le chef du Kremlin a en effet sorti son artillerie lourde. Vidéos à l'appui, dans un mélange d'images réelles et 3D, avec moult explosions, Poutine a présenté pêle-mêle drones à propulsion nucléaire, système de défense hypersonique «suivant sa cible comme un météorite», missiles au rayon d'action illimité et arme laser «dont il est trop tôt pour évoquer les détails».
L'étalage a tenu en haleine l'audience. Non seulement l'élite politique et d'affaires conviée dans une grande salle près du Kremlin. Mais surtout, au-delà, les Russes dont les télévisions passent depuis en boucle propos et images chocs du président. «Personne ne voulait nous parler. Écoutez désormais», a-t-il lancé avec fierté, assurant que cet équipement balistique dépasse tous les autres systèmes de défense au monde.
Les États-Unis étaient la cible d'autant plus évidente des propos présidentiels que les vidéos montraient les nouveaux missiles russes en train de survoler le territoire américain. «À ceux qui ont tenté de profiter de la Russie, ont introduit des sanctions internationales illégales pour enrayer le développement de notre pays, y compris dans le domaine militaire, je vais le dire: ce que vous avez entrepris pour gêner, empêcher, entraver la Russie, a échoué», a prévenu Vladimir Poutine. Avant d'essayer de convaincre que c'était un discours de paix: «La Russie n'a aucun projet d'utiliser ce potentiel de façon offensive. Elle permet de maintenir l'équilibre des forces dans le monde.»
Liste à la Prévert
Après le discours, l'atmosphère est électrique dans le public. Un communicant du Kremlin décode: cette tirade militaire visait les Occidentaux et doit flatter le patriotisme des Russes; la première partie, consacrée aux «tâches» économiques et sociales – litote pour lister les promesses électorales – était le programme du président venu s'exprimer en candidat. Mais sa longue liste à la Prévert, ratissant tous les électorats, des retraités aux start-up, en passant par les familles cherchant des prêts à bas taux et les ouvriers attendant une hausse du salaire minimum, cette liste est passée au second plan. Car, sans idée ni proposition nouvelle outre la vague promesse d'«élargir notre espace de liberté», les propositions économiques et sociales sont parues bien pâles sous l'écrasant défilé de missiles.
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