Pourquoi le parti néonazi reste autorisé en Allemagne
Le Tribunal constitutionnel juge le NPD odieux, mais estime qu'il ne représente pas une menace

Il méprise la dignité humaine et les principes démocratiques de liberté. Le Parti national-démocrate d'Allemagne (NDP) sublime également le nazisme. Tout cela, les juges du Tribunal constitutionnel de Karlsruhe l'ont confirmé hier, lors de la lecture du jugement. Mais contrairement au Parti communiste (KPD), interdit en 1956, le NPD n'a pas actuellement les moyens d'atteindre ses objectifs. Il n'est plus représenté dans les Länder. Fondé en 1964 et fort de 5400 membres, il a perdu son dernier mandat régional en 2016. Il ne dispose plus que d'un mandat de député européen.
Pour cette raison, les juges ont rejeté à l'unanimité la demande d'interdiction déposée en 2013 suite à une série d'assassinats racistes commis par trois néonazis du groupuscule «Clandestinité national-socialiste» (NSU), proche du NPD. La police et la justice doivent répondre à la violence des militants, pas le Tribunal constitutionnel, estiment les juges.
Pour la deuxième fois
Pour la deuxième fois, ce parti néonazi échappe au couperet de Karlsruhe (siège du tribunal). En 2003, les juges avaient déjà rejeté une demande au prétexte que le NPD avait été infiltré jusqu'au sommet par des indicateurs payés par les services allemands de renseignement (Verfassungsschutz).
Une nouvelle tentative auprès du tribunal de Karlsruhe – peu probable – sera donc seulement possible lorsque le NPD constituera une menace pour le pays. Sur Twitter, le NPD a fêté son triomphe d'un seul mot, celui affectionné par les nazis pendant la guerre: «Sieg!» (victoire).
Pluie de critiques
Avec une argumentation «irritante», comme l'a reconnu le président du tribunal, les juges se sont attirés les critiques du monde politico-médiatique. «Pourquoi faut-il attendre que le NPD porte préjudice à la démocratie pour l'interdire?» se désole Burkhard Lischka, porte-parole du Parti social-démocrate (SPD) pour les questions de sécurité intérieure.
En cette période de montée des extrémistes et du populisme, une interdiction aurait eu un rôle préventif, estiment les commentateurs. La démocratie aurait montré sa capacité à se défendre. «Il fallait interdire le NPD justement parce qu'il est faible. C'est un poison qui menace l'ensemble de la société», dénonce Heribert Prantl, ancien procureur et rédacteur en chef du quotidien libéral de gauche Süddeutsche Zeitung.
Un parti affaibli
Les politologues estiment néanmoins que le NPD, très affaibli par des divisions internes et des problèmes financiers, ne refera pas surface. «L'électorat visé par les néonazis a été absorbé par le nouveau parti d'extrême droite AfD (Alternative pour l'Allemagne)», estime Matthias Micus, politologue à l'Institut de recherches sur la démocratie à Göttingen.
Le parti de la gauche radicale (Die Linke) estime que l'AfD est la version «light» du NPD. Encouragé par les sondages prometteurs à moins de neuf mois des élections, l'AfD reste profondément divisé entre l'aile nationale-conservatrice, incarnée par la présidente Frauke Petry, et l'aile proche des néonazis, emmenée par Björn Höcke, le chef du parti en Thuringe. Avec 13% des intentions de vote, l'AfD pourrait devenir la troisième force politique derrière les écologistes. Une première depuis la fin de la guerre.
Thomas de Maizière, le ministre fédéral de l'Intérieur (CDU), a réagi hier à la montée de la violence. Avec la crise des réfugiés, les milieux néonazis restent mobilisés, une interdiction n'aurait rien changé. «L'extrême droite progresse dans les têtes», déplore-t-il. En 2016, il y a eu plus de 900 attaques de foyers de réfugiés. Trois par jour.
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.