
Genève, 17 janvier
Cet hiver, une importante régie immobilière genevoise, dans certains de ses immeubles au moins, se contente, malgré des demandes répétées, de chauffer ses locataires à des températures comprises entre 19 °C et 20 °C le jour (température atteinte lorsque les radiateurs sont ouverts à fond).
C’est conforme au minimum requis par l’Asloca pour éviter les poursuites. C’est pourtant plus bas que les directives fédérales qui n’ont mentionné le minimum de 19 °C qu’en cas de pénurie d’électricité. Antonio Hodgers reconnaît qu'«on n’a pas le droit de dire à un immeuble privé: vous chauffez à 20 °C», mais en revanche, rien n’empêche donc une régie d’imposer 19 °C.
La plupart du temps, 19 °C semble raisonnable. Mais lorsque les logements sont anciens (humides et mal ventilés), que les personnes sont malades, ou âgées, ou si elles télétravaillent, il ne reste pas d’autre choix que de recourir au chauffage d’appoint. Tout d’abord, cela ne contribue pas à résoudre le problème du changement climatique (ce mode de chauffage étant peu efficace d’une part, et l’électricité étant largement importée et donc grise, d’autre part).
Ensuite, cela rendrait plus aigu le problème de l’électricité en cas de pénurie. Enfin, les personnes qui n’ont pas les moyens de voir leur facture d’électricité augmenter de plusieurs centaines de francs par an – on pense notamment aux personnes âgées qui passent une large partie de leur journée dans leur logement - devront simplement subir cette maltraitance.
Cette totale absence d’efficacité mais aussi de justice environnementale – il s’agit bien de faire subir aux plus pauvres cette tentative de réduction des émissions de gaz à effet de serre – est frappante. Dans un pays développé et qui revendique son respect des libertés, la nonchalance de l’Asloca et cette tolérance envers les agissements des régies sont donc extrêmement choquantes.
Aude Pommeret
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Lettre du jour – Pourquoi faut-il subir 19°C?