Festival à GenèvePourquoi Black Movie est indispensable
Sans la manifestation, les films du cinéaste coréen Hong Sang-soo ne seraient jamais passés à Genève. Aberrant.

«Il y a trop de festivals à Genève.» Cette remarque, on l’entend fréquemment dans un milieu souvent blasé et volontiers jaloux des autres. Il est vrai que l’offre est pléthorique. Mais tournons le problème à l’envers. Sans Black Movie, qui existe depuis (au moins) 24 éditions, le cinéphile genevois connaîtrait-il seulement le nom de Hong Sang-soo? Aurait-il pu avoir une seconde chance de découvrir l’étourdissant «Feu follet» de Joao Pedro Rodrigues, sorti il y a quelques mois dans une indifférence presque insultante? Non et non. Voilà qui suffit déjà en soi à justifier l’existence de ce festival.
Concernant le premier, de mémoire, aucun de ses presque trente films n’a eu à ce jour les honneurs d’une sortie en salles. En revanche, ils ont tous (ou presque, il faudrait vérifier) transité par Black Movie. Sachant que ce cinéaste coréen et prolifique fait un peu figure de tête de gondole de la manifestation, cela donne une idée du peu de considération dans laquelle on (c’est-à-dire les distributeurs) tient les cinématographies de nombreux pays. Prolifique, disions-nous à propos de Hong Sang-soo. Oui, au point que cette année, conséquence probable des différents arrêts, confinements et mesures sanitaires, deux nouveaux films de l’auteur se retrouvent sur le marché.
Il y a «The Novelist’s Film», qui faisait partie de la dernière compétition berlinoise, et «Walk Up», que les plus chanceux ont pu découvrir cet automne au festival de San Sebastian. La structure de «The Novelist’s Film» résume presque à elle seule le cinéma de Hong Sang-soo. Selon un schéma rohmérien, il fait se succéder plusieurs rencontres que fait son héroïne, une romancière en panne d’inspiration. Elle croise ainsi une libraire, un réalisateur et une jeune comédienne. Scènes intimistes, dialogues naturalistes, moments arrachés au temps, bulles de réconfort et dissertation de nature philosophique sont au centre d’un dispositif unique et au menu d’un métrage minimaliste, encore plus radical que les précédents. À découvrir, puisque le film, tout comme «Walk Up», passe encore ces prochains jours.
Black Movie, jusqu’au 29 janvier. blackmovie.ch
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