L’intervention de la Confédération, sous pression internationale, pour qu’UBS rachète Credit Suisse nous démontre une fois de plus que nous sommes un colosse aux pieds d’argile.
La crise du Covid nous avait déjà montré notre dépendance aux «pharmas» et à la Chine, pour des biens de première nécessité; la guerre en Ukraine, ensuite, notre absurde dépendance aux hydrocarbures et le non renouvelable; les Uber Files, enfin, notre dépendance aux géants du web. Maintenant, avec la crise de Credit Suisse, c’est notre trop grande dépendance au système financier international que nous observons, ce qui signifie une privatisation des bénéfices et une socialisation des pertes, aux frais du contribuable.
L’État est appelé en «pompier» de dernier recours. Chaque fois qu’une intervention en amont est envisagée, celle-ci est écartée sous prétexte que le laisser-faire est forcément créateur de richesses et de prospérité. Cette croyance que la richesse des plus riches ruisselle comme par enchantement sur toute la société et jusque sur les plus pauvres d’entre nous, est fausse. Elle relève davantage de l’idéologie que de l’analyse: la tendance est partout à l’accroissement des inégalités. Or, comme le dit le préambule de la Constitution suisse, «la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres». C’est à cette aune que se mesure notre prospérité.
«La force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres.»
À Genève, le taux de chômage (3,8% en février 2023) est au plus bas depuis trente ans. Mais derrière ce chiffre, il y a 14’000 personnes en recherche d’emploi, qui ont besoin non seulement des prestations d’assuré.e qui leur sont dues, mais d’une «politique publique de l’emploi» pour trouver leur place sur le marché du travail. J’ai commencé à en poser les bases.
L’action de l’État doit se situer en amont des situations de rupture. L’acquisition de nouvelles compétences et le savoir-faire vont au-delà d’une gestion des flux entre les secteurs qui diminuent leur main-d’œuvre et ceux qui ont besoin de bras.
Il s’agit d’encourager la formation dans les domaines qui offrent des débouchés, prioritairement les formations en entreprises, que ce soit les premières formations pour les jeunes ou des reconversions au cours de la vie active. Je pense notamment à tous les métiers du bâtiment, de soin, d’aide aux personnes et aux métiers de services comme l’hôtellerie et la restauration. L’État doit également encourager la création d’emplois verts.
Ma priorité ira à des programmes pour les personnes qui ont des difficultés supplémentaires pour revenir sur le marché du travail après un accident de parcours: par exemple, des personnes de plus de 50 ans qui sont considérées par les employeurs comme «trop chères» ou plus assez qualifiées pour les métiers d’aujourd’hui; des personnes d’origine étrangère qui doivent souvent franchir une barrière supplémentaire à l’embauche. Mais je pense bien sûr aussi aux jeunes qui peinent à trouver un premier emploi.
Pour que notre économie demeure forte et capable de résister aux crises, elle doit reposer sur des emplois locaux et stables, sur des entreprises elles aussi locales et stables. Pour cela, il faut favoriser le dialogue entre les partenaires que sont le patronat, les syndicats et l’État. Parce que les solutions construites ensemble sont celles que l’on peut rapidement réaliser, comme l’a démontré, il y a quelques semaines, la nouvelle loi contre le travail au noir sur les chantiers, votée à l’unanimité par le Grand Conseil.
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L’invitée – Pour une politique de l’emploi à Genève