
Carouge, 6 mars
Le lundi 6 mars était la date butoir pour s’inscrire à un apprentissage dans un centre de formation professionnelle, hors école de commerce. On peut donc considérer que l’échéance a été choisie pour les élèves de dernière année du Cycle d’orientation, en particulier ceux des sections censées préparer à l’entrée en apprentissage (11e CT et LC). Pourtant, un certain nombre d’indices nous incitent à penser que non.
Les terminologies CT et LC ne visent pas à évoquer le contenu des cours, comme leurs noms pourraient le laisser entendre (Communication et Technologie, Langues et Communication), mais à camoufler le fait qu’on parle des deux niveaux les moins exigeants. Comme les entreprises ne sont pas dupes, elles vont de préférence recruter leurs apprentis en 11e LS (niveau 3), section qui prépare au collège.
Les élèves de 11e CT et LC n’ont pas été orientés en fonction de leurs intérêts et compétences à intégrer un apprentissage, mais en fonction de leur niveau scolaire de 10e jugé insuffisant pour aller en 11e LS. Le premier trimestre des 11e CT et LC n’a pas été prévu pour préparer les élèves à un apprentissage, mais pour leur faire miroiter l’idée qu’ils pourraient une dernière fois tenter de «monter» en LS afin d’intégrer le Collège en empruntant une «passerelle». Les trois premiers mois consistent donc pour les élèves motivés à travailler dans ce but qu’à de rares exceptions ils vont devoir abandonner en décembre.
La semaine de stage de novembre n’a pas été prévue pour faciliter la communication entre les entreprises et les futurs apprentis, mais à caser une semaine de non-cours au moins pire moment du calendrier. Tous les élèves de tous les cycles se bousculent donc en même temps dans des entreprises sursollicitées. Le mois de janvier n’est pas consacré à préparer un bon dossier d’inscription pour le 6 mars, mais à bachoter les évaluations communes (Evacoms) qui seront passées début février, et dont la note «pas si importante que ça, rassurez-vous» sera inscrite dans le bulletin scolaire annuel.
Le mois de février n’est pas consacré non plus au fameux dossier d’inscription, mais à préparer les tests d’attentes fondamentales (TAF) qui auront lieu… le 13 mars. «Rassurez-vous, la note ne compte pas», mais leur réussite est nécessaire pour intégrer un certain nombre d’écoles professionnelles.
Bien entendu, comme les résultats des Evacoms, des TAF et du deuxième trimestre ne sont pas validées avant fin mars, le fameux dossier d’inscription est incomplet, raison pour laquelle des écoles professionnelles exigent un test d’entrée pour évaluer le niveau des élèves à temps.
Conclusion: il faut une réforme du Cycle d’orientation qui valorise les compétences et renonce à classer les élèves par niveaux, une réforme qui propose en 11e une véritable section préprofessionnelle. Un Cycle qui oriente, c’est un Cycle qui prépare.
Stéphane Sauge, candidat Vert’libéral au Grand Conseil
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