Théâtre de l’OrangeriePour son deuxième mandat, Andrea Novicov diversifie sa programmation
Dans l’écrin du parc La Grange, l’offre estivale en matière de spectacles ne connaîtra cet été aucune restriction thématique.

Après s’être consacré trois étés successifs à défendre la cause environnementale, le Théâtre de l’Orangerie s’autorise à relâcher, sans l’abandonner, son rôle de «lanceur d’alerte» – selon l’expression de son arboriculteur en chef, Andrea Novicov. Depuis l’entrée en fonction du metteur en scène à la tête de la plus bucolique des scènes genevoises en 2018, Greta Thunberg a fait entendre sa voix, relayée par maintes manifestations de par la planète. Aussi, quels qu’aient été les résultats des récentes votations sur le CO₂ ou les pesticides, le programmateur affirme qu’au seuil de son deuxième mandat, «tout·e citoyen·ne sait, à moins de souhaiter être sourd·e et aveugle». Il s’estime donc, avec son équipe, «enfin prêt·es à interroger le futur, à se réunir en assemblée et à proposer des récits qui donnent de l’espoir, des actes artistiques qui ouvrent sur une multitude infinie de possibles».
Cette saison libérée de contrainte, il a d’abord fallu la reporter de quelques jours, à cause du sommet qui a mis le parc La Grange au centre de l’émoi intersidéral. Ouverte à l’occasion de la Fête de la musique, l’Orangerie a à ce jour bien entamé sa programmation musicale, de même qu’elle a inauguré ses cinq expositions in situ. Pour ce qui est du théâtre (dix spectacles tous publics confondus), le coup d’envoi sera donné le jeudi 8 juillet, avec la création par Éric Devanthéry du classique norvégien d’Henrik Ibsen, «L’Ennemi du peuple». Xavier Fernandez Cavada y tiendra le rôle du Dr Stockmann, pris dans un maelstrom d’intérêts contradictoires suite à la contamination des bains thermaux de la ville…
Attentes vaudoises
Une autre création genevoise, signée Laurie Comtesse et Marc Berman, relatera parallèlement aux enfants dès 7 ans les tribulations futuristes de «Sylvestre et Urbania», frère et sœur prisonniers d’une tour hermétique de cinq kilomètres de haut. Tandis qu’une troisième, en seconde partie du mois d’août, et pour les grands cette fois, verra Mariama Sylla diriger Simon Labarrière et Julien Tsongas dans «Moitié-moitié», une pièce de l’auteur australien Daniel Keene, qui y réconcilie deux frères autour de la terre où repose leur mère. Genevois toujours, le duo Sans les freins formé de Dounia Ravonel et Amina Turner montrera aux 4 ans qu’«Il faut se planter pour mieux pousser» – la preuve qu’on ne piétinera pas cette année les racines vertes qui fondent le lieu. Un «Pieds nus dans la mousse avec mes grandes oreilles», genevois encore, ainsi qu’un «Ogrelet» venu de Fribourg compléteront, au même titre que plusieurs ateliers, l’affiche enfantine des vacances.
Les théâtreux adultes du bout du lac ont passé les semi-confinements successifs à attendre quelques titres vaudois que l’Orangerie leur servira brièvement début août. On pense au «Sans effort» fourni par Joël Maillard et Marie Ripoll (du 3 au 8) qui relève le défi de ne dépendre d’aucun texte, document ou archive qui soit, et donc de relever exclusivement de l’oralité. Ou à ces «Auréliens» (10-12 août) conçus en 2020 par François Gremaud, qui confient au comédien Aurélien Patouillard la mission de redire, en plus fragile, l’exposé présenté en 2019 par l’astrophysicien Aurélien Barrau.
Deux gâteries couronnent encore ce menu: l’adaptation déambulatoire d’une BD de Brecht Evens, «Les Rigoles» (27-30 juillet), par le Collectif CCC, dans l’espoir de fuir une fois pour toutes la tyrannie du béton. Pensé par Mathias Brossard, le projet a été lancé à l’Abri pour éclore officiellement au prochain far° nyonnais. Et, last but not least, l’adaptation du roman de Ramuz «Aline» par le duo Thierry Romanens-Robert Sandoz. En musique, «Et j’ai crié Aline» accompagnera début septembre le chemin escarpé des femmes vers l’indépendance.
Théâtre de l’Orangerie, du 8 juillet au 12 septembre, www.theatreorangerie.ch
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