Votations du 13 février«Pour protéger la jeunesse, il faut interdire la publicité pour le tabac»
Le comité genevois pour l’initiative fédérale antitabac a présenté ses arguments. Selon lui, la Suisse est en retard.

À Genève, un large front milite en faveur de l’initiative visant à interdire la publicité pour le tabac. Ce jeudi, les partisans de ce texte, qui passera en votation fédérale le 13 février, ont présenté leurs arguments. Le comité de soutien comprend 28 personnes issues d’associations et de tous bords politiques. Ses membres viennent aussi bien des socialistes que des Verts, des Vert’libéraux, du MCG ou du Centre (ex-PDC).
Pour eux, le projet de loi défendu par le Conseil fédéral et la majorité du parlement – autrement dit le contre-projet indirect à l’initiative – ne protégerait pas assez les jeunes. «Les seuls supports où la publicité pour le tabac serait interdite avec ce projet, ce sont les livres d’école, les jouets et les journaux destinés aux mineurs», remarque Jean-Paul Humair, directeur du Cipret (Centre d’information et de prévention du tabagisme). «C’est insuffisant alors qu’il y a des stratégies de marketing qui visent spécifiquement la jeunesse. Or, plus on commence à fumer jeune, plus on risque de développer une forte dépendance.»
Et de souligner que la tranche des 15-25 ans est celle où la proportion de fumeurs est la plus grande (32%). «Mais des études ont montré que l’interdiction de la publicité fait baisser la consommation de tabac de 30% chez les adolescents.»
L’exception suisse
Les partisans de l’initiative soulignent que la Suisse fait figure d’exception au niveau international. Selon eux, elle est dernière au classement européen en matière de restriction de la publicité pour le tabac, et c’est le seul pays de toute l’Eurasie, avec Monaco, à n’avoir pas ratifié la convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé sur la lutte antitabac, qui stipule que les États-parties doivent prendre des mesures contre toute forme de publicité ou de promotion du tabac.
Pascal Diethelm, président d’OxyGenève, précise que selon un avis de droit, la Constitution suisse permet cela, contrairement à ce qu’affirment les opposants à l’initiative. «D’ailleurs, une telle interdiction existe déjà pour les produits thérapeutiques engendrant une accoutumance. Pourquoi ce ne serait pas possible pour un produit qui tue? De plus, deux arrêts du Tribunal fédéral ont souligné la primauté de la protection de la santé publique face à la liberté de commerce.»
«D’un côté, la Confédération et les cantons financent des campagnes de prévention du tabagisme, et de l’autre côté, on autorise la publicité pour un produit addictif et mortel.»
Pas d’emplois menacés
Pour lui, il est faux de dire que cela nuirait à l’économie et à l’emploi. «D’après une étude, l’argent qui ne sera pas utilisé pour consommer du tabac sera dépensé ailleurs. Plus que l’interdiction de la publicité, ce sont surtout les fusions, délocalisations et mesures de rationalisation qui menacent l’emploi dans l’industrie du tabac.»
Jean-Marc Guinchard, député au Grand Conseil (Centre, ex-PDC), insiste sur la nécessité de protéger les jeunes: «En tant qu’ancien gros fumeur, je sais que tout le monde commence à fumer dès l’adolescence ou juste après.» Isabelle Pasquier Eichenberger, conseillère nationale Verte, relève pour sa part une incohérence: «D’un côté, la Confédération et les cantons financent des campagnes de prévention du tabagisme, et de l’autre côté, on autorise la publicité pour un produit addictif et mortel.»
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