Faut-il accorder ou non aux travailleurs précaires victimes de la situation sanitaire du printemps dernier le droit à une aide financière pour compenser leurs revenus perdus; et cela, quel que soit le statut de ces personnes? Un peu dans l’ombre des sujets plus médiatisés soumis à la population ce 7 mars se cache cette question. Elle est pourtant d’importance car la réponse donnée en dira long sur la vision des Genevois de ce qui lie ou non l’ensemble des travailleurs résidant dans le canton.
L’UDC et le MCG ont déjà clairement répondu à cette interrogation en lançant un référendum contre la loi adoptée par le Grand Conseil (gauche et PDC) en juin 2020. Leurs arguments principaux portent sur le caractère illégal du travail effectué par une partie des salariés concerné. Sous couvert de lutte contre le travail au noir, ces formations refusent en effet que l’on aide de cette manière celles et ceux qui n’ont pu bénéficier d’aucun des autres soutiens existant. Magnanimes, elles leur accordent toutefois le droit à la charité. Mais rien de plus.
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On pourrait comprendre ce refus s’il s’agissait d’inscrire dans la loi le principe d’une aide pérenne. Mais tel n’est pas le cas. Les 15 millions que le parlement a accepté de débloquer sont une réponse extraordinaire à une situation hors norme. Limitée à la couverture de la perte de revenu de deux mois, l’indemnisation visait à éviter que les plus vulnérables des employés de ce canton ne tombent dans la misère.
De même, l’argument de la lutte contre le travail au noir est fallacieux. Que Genève dise oui ou non à cet objet ne fera pas avancer ou reculer d’un pouce ce juste combat. En revanche, son acceptation serait un geste de solidarité envers les plus vulnérables des employés, ceux qui, précisément, n’ont pas la possibilité de choisir de cotiser ou non aux assurances sociales. Va-t-on les sanctionner en plus pour cela? C’est la question à laquelle Genève répondra le 7 mars.
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L’éditorial – La charité ne suffit pas
Le 7 mars, les Genevois se prononceront sur le versement ou non d’une indemnité pour perte de revenus à des salariés qui ne bénéficient d’aucune autre aide.