
C’est donc une partie de jass nocturne entre deux Romands qui aurait précipité l’élimination de l’équipe de Suisse.
On cherchait absolument une explication bas de plafond à la déroute historique face au Portugal, on la tient, solidement assise sur un trépied de clichés: 1. les footballeurs sont des gamins intenables, 2. les Welsches toujours la rigole jamais le travail, 3. longue vie aux traditions transmises de génération en génération par le service militaire. Emballez, c’est pesé!
«Si on souhaitait cacher la fiente au pigeon, on ne s’y prendrait pas autrement.»
Une clarification à la portée de tous, que les pontes de l’ASF démentent tout en l’articulant – master classe en communication de crise. Si on souhaitait cacher la fiente au pigeon, on ne s’y prendrait pas autrement.
Dans le tourbillon de colère, de honte et de résignation qui a suivi le match de mardi soir, l’opinion publique avait besoin de trouver un os à ronger: le voilà servi sur un plateau, même s’il sentait un chouïa le réchauffé (les faits remontent au mois de juin).
Comme s’il s’agissait de détourner le plus vite possible le regard de ce qui s’est passé sur le terrain. Raison de plus pour y revenir: qu’a-t-on vu? Une équipe de Suisse lessivée, rincée, essorée.
Au-delà des errements tactiques coupables du sélectionneur, ce sont toujours les hommes qui font vivre les systèmes. Même le plus pertinent des plans de jeu n’est rien si les joueurs n’y injectent pas leur vitalité.
«Se présenter en huitièmes de finale dans un tel état d’épuisement émotionnel montre que cette équipe n’a pas profité de ces quatre années pour grandir.»
Le constat fâche, qui plus est à le répéter, car la Suisse n’a rien appris de ses erreurs. Encore une fois, comme lors du Mondial 2018, elle a laissé une énergie folle face à la Serbie.
Un écueil pourtant largement identifié en amont, mais rien n’y a fait: se présenter en huitièmes de finale dans un tel état d’épuisement émotionnel montre que cette équipe n’a pas profité de ces quatre années pour grandir.
Un constat qui raconte l’échec d’une préparation psychologique, mais aussi un collectif pris en otage par l’emportement puéril d’une partie de ses leaders.
On la croyait mûre pour un exploit, cette génération dorée. Or, la maturité, c’est de savoir faire passer au second plan ses rancœurs personnelles, aussi légitimes soient-elles, au profit du bien collectif. L’équipe de Suisse en est encore loin.
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Un bilan décevant – Pour l’équipe de Suisse, c’était le tournoi de l’immaturité
L’élimination de la Suisse par la petite porte lors de la Coupe du monde est symptomatique d’une équipe qui n’a pas su préserver ses forces mentales.