Radio à la téléPour l’an neuf, Couleur 3 vous présente ses meilleurs vieux
Un documentaire revient sur les cinq premières années de la «radio pour jeunes» la plus endurante. Ou comment inventer une marque sans cours de marketing.

Surtout, jamais ne rien faire comme les autres! Par exemple continuer de célébrer ses 40 ans l’année de ses 41. Revoici donc Couleur 3 à la fête via un documentaire de 56 minutes qui a le très bon goût de zoomer serré sur ses tout premiers pas, de 1982 à 1987, date à laquelle avait été fixée la fin éventuelle de ce qui était clairement conçu et empaqueté comme une pure expérience de radio, histoire de calmer cette jeunesse romande toujours plus braillarde avec ses t-shirts fluos, ses coupes en brosse et ses musiques de drogués.
Un banc d’essai, sous le nom d’Egal3, avait été tenté en 1981: les réactions du public furent assez enthousiastes pour convaincre les caciques de la Radio Suisse Romande de prêter à cette bande de zazous sympathiques un bout de fréquence et quelques micros sur le mode du «stop» ou «encore».
Al Poubelle et Tomy Tomane
Quarante ans plus tard, l’histoire continue. «Ce n’est que le début», prévient même le titre du documentaire réalisé par Noël Tortajada, Noël Noël pour les intimes, et produit par Gérard Mermet et Alain Monney. Des personnalités qui figurent parmi les dizaines de talents romands nés au micro de la 3. Aujourd’hui joliment sexagénaires sinon plus, les rescapés de l’aventure témoignent à visages découverts de cette parenthèse enchantée où quelques jeunes plus «responsables» que les autres, dont le surdoué Jean-François Acker, ont su alterner diplomatie et audace pour embarquer tous ces néophytes de la radio et leurs blazes impossibles: Tex Intox, Mme Ming, Al Poubelle, Alias Alice, Tomy Tomane, Sapajou Acajou… Une époque où un diplôme comptait bien moins que de bonnes idées et du culot, avant que «le professionnalisme» ne s’invite avec le nouveau siècle dans tous les discours officiels.
Gros boulot
Des pros, les lurons des débuts l’étaient pourtant indéniablement. On savoure durant cette courte heure toute l’effervescence, la fantaisie, l’intelligence – et le boulot! – de ces branquignols fabriquant de bric et de broc une marque énergique et homogène. Avec des slogans indémodables, des voix fortes, des centaines de musiciens – et pas des moindres – découverts et plébiscités, des millions d’heures passées à colorier les jours et les nuits de la Suisse romande au gré de toujours plus d’ouverture musicale. Et, surtout, un humour joyeusement crétin ou finement deuxième degré qui ne s’excusait de rien.
RTS2, samedi 7 janvier (16h15)
et sur www.rts.ch
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