Investissement à GenèvePôle santé à Meyrin: Poggia reste prudent
Le conseiller d’État salue la perspective de développement mais doute de l’impact du projet sur la population locale.

La «Tribune de Genève» révélait ce mercredi que les propriétaires de l’Hôpital de La Tour, un groupe d’investisseurs privés conduit par la famille Latsis, allaient investir 750 millions de francs dans la construction d’un vaste complexe dédié à la santé à Meyrin. Interrogé sur ce projet d’envergure salué par les autorités meyrinoises, le conseiller d’État chargé de la Santé, Mauro Poggia, réagit avec prudence.
Ce projet est-il, selon vous, une bonne nouvelle?
En l’état actuel des renseignements qui nous sont donnés, il est difficile de déterminer dans quelle mesure les prestations qui seront nouvellement offertes seront destinées à la population locale et si elles seront à charge de l’assurance de base, ni comment elles impacteront les ressources professionnelles dans ce domaine.
Néanmoins, dans la perspective de développement de la Health Valley que se veut être l’arc lémanique, tout nouveau réseau d’expertise et de recherche est bienvenu. La question de savoir si des autorisations devront être requises par des institutions ou des professionnels de santé est évidemment réservée. Elle sera examinée le moment venu lorsque le projet sera mieux connu.
La Tour annonce la création d’une école d’infirmières. Quelles sont les conditions pour créer une telle école?
À Genève, les infirmiers et infirmières sont actuellement formés à la Haute École de santé, avec un niveau supérieur aux professionnels de même dénomination qui sont majoritairement engagés en Suisse alémanique. Par contre, les équipes intègrent chez nous les assistantes en soins et santé communautaire (ASSC), dont la formation est exclusivement helvétique.
La création d’une école pour infirmiers ES (école supérieure) est certes possible, mais les possibilités de débouchés sur le marché genevois devront être examinées préalablement. Car le risque est grand que les hôpitaux et EMS genevois préfèrent travailler avec les acteurs actuels, les infirmières HES pouvant exercer des tâches de surveillance et de délégation que les infirmières ES ne peuvent assumer.
Ces dernières, qui seraient rémunérées davantage qu’une ASSC, pourraient se voir cantonnées aux mêmes tâches, sans plus-value pour les équipes.
Accroître une offre médicale déjà importante à Genève est-il raisonnable, si on considère l’envol des coûts de la santé?
La planification hospitalière n’a pas à s’étendre au seul motif qu’un acteur développe ses prestations, pas plus que par la venue d’un nouveau prestataire. Les investisseurs le savent et doivent élaborer leur budget prévisionnel en conséquence en incluant la possibilité de ne pas être inscrits sur la liste hospitalière.
De même, avec la clause du besoin, les médecins qui interviendraient dans les nouvelles structures ne pourraient facturer à charge de l’assurance maladie sociale qu’après avoir obtenu une autorisation, ce qui sera, le cas échéant, examiné en fonction des besoins de la population genevoise.
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