Plus fleurs pavés: Anne Emery-Torracinta face à Alexandre de Senarclens

Il y a cinquante ans, la France vivait sa révolution culturelle. L'événement a laissé des traces durables. Comment s'inscrivent les 31 candidats au gouvernement de la République et canton de Genève en 2018? Nous les avons invités à écrire leur tribune libre dans cette perspective. Nous leur avons demandé s'ils jettent plutôt des fleurs ou des pavés aux autorités sortantes. Ci-dessous, deux poids lourds de la politique genevoise s'essaient à l'exercice: Anne Emery-Torracinta, cheffe de l'Instruction publique et Alexandre de Senarclens, candidat PLR au Conseil d'État. Le premier tour de l'élection du Conseil d'État s'achève dans dix jours. Un second tour désignera, le 6 mai, les sept futurs ministres qui n'auront pas franchi la barre de la majorité absolue le 15 avril. Le site www.smartvote.ch propose aux Genevois de tester leur position politique respective et de la comparer à celle des candidats. Il suffit de répondre à 60 questions (ou 31 pour les électeurs pressés). Nous reproduisons ci-dessus les «smartspiders» - les graphiques - illustrant les positions respectives de la cheffe du Département de l'instruction publique et celles du président du Parti libéral-radical genevois. Notre dossier: www.election2018.tdg.ch
Mai 68… j'habitais en plein Quartier latin
Anne Emery-Torracinta, cheffe de l'Instruction publique
Mai 68… J'habitais Paris, en plein Quartier latin, au cœur des événements. D'immenses manifestations, une ville quasi en état de siège, des vacances forcées de plusieurs semaines (le gouvernement avait fermé les écoles pour casser le mouvement de grève), mais aussi une immense prise de parole, un vent de liberté et la remise en question de l'autorité sous toutes ses formes. Pour la petite fille que j'étais, ce fut comme une révélation: chacun peut «changer le monde». C'est donc en partie à Mai 68 que je dois ce goût de l'action politique et cette volonté d'agir pour tenter d'inverser le cours des choses, même si je sais aujourd'hui qu'on ne change pas le monde «en grand» mais à une plus petite échelle, autour de soi. Ce n'est donc pas par hasard que je suis devenue conseillère d'État!
Aujourd'hui, je constate que la majorité parlementaire se laisse trop souvent séduire par les sirènes de l'austérité, alors que les besoins de la population ne cessent de croître, car la vie sociale et économique tend à se durcir chaque année un peu plus. Les besoins augmentent également pour l'école. Ne serait-ce que pour des raisons démographiques, qui font croître mécaniquement les coûts de l'encadrement. Ensuite, les attentes sociales sur l'école sont en forte hausse. À juste titre, on lui demande des efforts nourris sur de nouveaux fronts: lutte contre le harcèlement, enseignement du numérique, prolongation de la durée de la formation, par exemple. Ces attentes sont entièrement légitimes. Elles convergent toutes vers une école sûre, égalitaire et adaptée aux évolutions sociales contemporaines. Elles contribuent toutes à réaliser l'idéal qui anime mon action depuis que j'ai pris mes fonctions: un jeune, un diplôme, un avenir.
Mais tous ces objectifs exigent des moyens. Et ces cinq dernières années, j'ai relevé le défi de faire avancer l'école malgré un contexte politique et budgétaire défavorable. J'y suis parvenue: les moyens alloués à l'école ont augmenté. Nous avons pu maintenir un encadrement de qualité et introduire de nouvelles prestations: mercredi matin, postes de soutien au primaire passant de 101 à 146, création d'équipes pluridisciplinaires, formation obligatoire jusqu'à 18 ans, entre autres. Il a fallu de la patience et de la persévérance.
Mais le travail n'est pas fini et j'ai l'intention, lors d'un second mandat, de poursuivre mon action pour rendre l'école plus forte encore. Cet effort se décline en trois priorités. D'abord, lutter contre le décrochage scolaire pour que chacun obtienne une certification: en poursuivant la mise en œuvre de la formation obligatoire jusqu'à 18 ans, du plan d'action apprentissage et du renforcement de l'école primaire. Ensuite, faire évoluer le Cycle d'orientation. Enfin, développer l'école numérique.
De Mai 68, je retiens… l'envie de participer
Alexandre de Senarclens, candidat PLR au Conseil d'État
De Mai 68, il faut retenir l'énergie, la soif de renouveau et l'envie de participer exprimée par la jeunesse. Les événements de cette période marquaient un réveil, une prise de conscience que le monde devait évoluer. En ce sens, je suis convaincu que Genève se trouve aujourd'hui aussi à un croisement. Les bouleversements des dernières décennies doivent nous amener à nous remettre en question et à chercher ensemble des solutions aux défis qui se présentent. Il y a fort à parier que dans cinquante ans, les prochaines générations se retourneront à leur tour pour évaluer notre capacité à savoir anticiper et accompagner le changement.
Avant-gardiste à de nombreux égards, Genève fait partie des villes qui font l'Histoire. Celle-ci est aujourd'hui en marche et nous devons sans attendre rejoindre le wagon de tête plutôt que nous quereller sur le quai. Nous disposons d'atouts indéniables pour entrer de plain-pied dans le XXIe siècle, à condition d'affirmer une vision politique claire et ambitieuse. Si les Genevois-es m'accordent leur confiance, je m'engage à mener à bien les réformes qui s'imposent en vue de libérer durablement nos énergies. Trois axes constitueront le cœur de mon action en tant que conseiller d'État: soutenir les entreprises, moderniser la fonction publique et accompagner la transition numérique.
Plus que jamais, les entreprises ont besoin de visibilité et de conditions-cadres favorables à leur développement. Elles doivent absolument être soutenues afin de pouvoir continuer à investir, innover et créer de l'emploi. Nombre d'entre elles se trouvent à un tournant majeur et nécessitent qu'on leur donne les moyens de s'adapter et de rester à la pointe.
Pour mettre un frein à la bureaucratie rampante, notre canton doit impérativement moderniser sa fonction publique. Afin d'améliorer les prestations à la population et aux entreprises, l'administration doit gagner en disponibilité et en agilité. Cet objectif ne pourra être atteint que si les fonctionnaires sont en mesure d'exprimer pleinement leur potentiel au sein d'une administration efficace et valorisante.
Les nouvelles technologies transforment radicalement la manière dont nous travaillons et vivons en société. Qu'on la craigne ou qu'on s'en réjouisse, cette nouvelle réalité s'impose d'elle-même. Plutôt que de contempler les changements au risque de les subir, participons au progrès et définissons les contours du monde de demain. Car si la transformation numérique s'accompagne de préoccupations légitimes, elle présente par ailleurs de formidables opportunités pour Genève.
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