Évidemment, chaque décès qui survient sur une piste est une mort de trop. Passé le truisme que personne ne viendra contester, les collisions sous les télésièges s’accompagnent chaque hiver d’une question qui divise en revanche nettement plus: faut-il instaurer une police des pistes?
En 2005, le Conseil fédéral refusait «d’introduire une police des pistes investie du pouvoir de répression et d’amende». À raison.
Principaux arguments: l’arsenal préventif et les campagnes de sensibilisation sont suffisants et les sacro-saintes règles de la Fédération internationale de ski (FIS) – véritables dix commandements des pentes enneigées – devraient contraindre les skieurs «à une conduite responsable». Le nombre annuel de morts sur pistes balisées, qui a diminué de 30% en vingt ans (de 9 à 6), semble indiquer que les efforts portent leurs fruits. Même si les campagnes de prévention mériteraient d’être un peu plus musclées que les images gentillettes qui bordent les pistes.
Hiver après hiver pourtant, l’actualité rappelle tristement que certains n’en ont cure. Nous l’avons constaté aux Portes-du-Soleil. Au croisement de plusieurs pistes, des inconscients passent tout schuss entre les panneaux incitant à lever le pied en s’imaginant franchir les portes de la descente du Lauberhorn. Triste. Affligeant. Sans doute inexorable. «Quand on est con, on est con», chantait Brassens.
Que changerait la présence d’agents skis aux pieds? Probablement rien malheureusement. Les partisans d’une police des pistes font souvent le parallèle avec la route. Il est vrai que l’inattention et une vitesse inadaptée font des ravages, sur bitume comme sur neige.
Mais la constellation des radars le long des routes, le spectre des condamnations, des permis qui giclent et la présence de patrouilles n’empêchent pas les comportements irresponsables. En 2020, on enregistrait même une augmentation des décès dus au trafic par rapport à 2019.
Rappelons que sur la neige aussi des condamnations pénales ont déjà été prononcées et que la base légale pour retirer le forfait des trompe-la-mort existe.
Mais aucune police des pistes, que les plus idiots se feraient un plaisir de narguer, ne parviendra à endiguer une activité qui conservera toujours une part de danger, de fatalité. Et aucune armure (casque, protection dorsale, airbag antiavalanche…) ne remplacera la règle absolue: la responsabilité individuelle de celui qui chausse des skis.
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Éditorial sur la sécurité en montagne – Plaidoyer pour des pistes sans police
Les récents accidents mortels sur tronçons balisés reposent la question d’une présence policière en montagne. Option rejetée par la Confédération il y a des années.