PortraitPierre Chevalier célèbre les Genevois partis à l’Everest en 1952
Une surprenante rencontre avec la fille d’un montagnard genevois parti à l’Everest relance l’histoire mondiale de l’alpinisme.

Pierre Chevalier, éditeur et imprimeur à Carouge, vit une retraite très active. Entre la montagne et la photo, qu’il a longuement pratiquées, son dynamisme n’a pas perdu un cheveu. L’année dernière, au détour d’une rencontre, il a redécouvert, à travers un carnet de notes oublié, un haut fait de l’alpinisme: la tentative genevoise de gravir l’Everest en 1952. Il décide alors d’éditer, en 2021, ce journal manuscrit de l’alpiniste René Aubert aux Éditions des Bergues sous le titre «Everest 1952».
Un an plus tard, soit en avril 2022, sort de presse une version (très) enrichie de ce livre. Passant de 160 à 320 pages, le nouvel exemplaire comprend, outre le «Journal oublié de René Aubert», un compte rendu de l’ascension de Jean-Jacques Asper ainsi que de nouveaux éléments sur l’expédition scientifique qui accompagnait celle alpine partie à l’assaut du toit du monde. S’y trouve également un magnifique chapitre sur l’Everest, rédigé par Emmanuel Rossi, ami de longue date de Pierre Chevalier et rédacteur du bulletin montagnard.
L’histoire se répète
À nouveau aux commandes de cette deuxième édition, Pierre Chevalier se souvient: «Un jour, la fille de l’alpiniste Jean-Jacques Asper est venue me trouver à Carouge pour m’acheter deux ou trois livres, elle m’a dit en passant qu’elle aussi possédait le récit de son père, ce qui m’a immédiatement intéressé.» Les 1000 exemplaires du premier volume étant quasi épuisés, l’éditeur carougeois pense aussitôt à rééditer l’ouvrage avec de nouvelles informations, d’autant plus que 2022 inaugure le 70e anniversaire de l’expédition genevoise.
Il décide aussitôt de se remettre à l’ouvrage: «J’avais eu de nombreux retours positifs et j’avais l’impression que cela répondait à une attente. Bien des gens voulaient acheter le premier livre alors qu’il était épuisé et il m’intéressait d’approfondir l’expédition scientifique, qui avait été un peu estompée par l’expédition alpine.»
Le carnet de route de René Aubert déjà déchiffré et publié, restait à retranscrire celui, dactylographié, de Jean-Jacques Asper et à s’informer sur l’expédition scientifique. Et surtout, éviter les répétitions entre les deux récits. «Comme le texte d’Asper devait être envoyé à la Fondation pour la recherche alpine à Zurich, il s’agissait d’un compte rendu bien plus technique que le texte de René Aubert, indique Pierre Chevalier. Les deux alpinistes ayant fait le même voyage et la même ascension, je redoutais les redites. Mais finalement, il n’y en avait pas tellement. Ils avaient fait le même chemin, mais chacun avait des tâches qui alternaient. J’ai seulement retiré quelques passages.»
La qualité des aquarelles
Quant à la part scientifique de l’expédition, une rencontre avec Thierry Lombard, fils d’Augustin Lombard, professeur de géologie, apporte à Pierre Chevalier toutes les informations requises. «Il m’a fourni de magnifiques documents et j’ai été surpris par la qualité de ses aquarelles. Il faut rappeler que c’était une région qu’aucun Occidental n’avait vue à part sur quelques photos prises par des alpinistes britanniques. Ces gens n’avaient aucune carte, ils ne savaient pratiquement pas où ils allaient.»
Un chapitre entier du livre concerne donc les découvertes géologiques d’Augustin Lombard, avec cartes, photos et reproductions de ses aquarelles, car le géologue était également un artiste avéré. «Mais si je parlais du géologue, il me fallait également parler du botaniste Albert Zimmermann, ajoute Pierre Chevalier, et de la partie ethnographique de l’expédition avec Marguerite Lobsiger-Dellenbach.» Une partie plus compliquée pour l’éditeur, faute de documents disponibles. «Les derniers éléments sur le botaniste Zimmermann me sont parvenus vraiment à la fin et j’ai hésité à les ajouter au livre, dit-il, mais finalement, je l’ai fait.»
«Il m’intéressait d’approfondir l’expédition scientifique, qui avait été un peu estompée par l’expédition alpine.»
Le livre a été entièrement composé et mis en page par Pierre Chevalier et son fils mais, ajoute-t-il, «je crois bien qu’il s’agit de mon dernier travail. Cela prend l’esprit pendant plus d’une année tout de même et, certaines semaines, ma femme ne me voyait pas beaucoup. Beaucoup de travail, mais aussi beaucoup de plaisir. J’étais vraiment dans mon élément en faisant ce livre.»
«Everest 1952», édition augmentée, avec une préface de Jean Troillet, se trouve à l’imprimerie des Bergues, 18, rue Saint-Joseph, 1227 Carouge; à la librairie le Vent des Routes et chez Payot.
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