La transparence dans le financement de la vie politique est en marche en Suisse. Pour la deuxième fois, le Conseil des États a admis jeudi la nécessité d’agir. C’est à saluer. La Suisse est le seul pays membre du Conseil de l’Europe à ne pas avoir encore légiféré en la matière. Conséquence: on ne sait jamais exactement les montants engagés dans les campagnes de votations fédérales et d’élections, ni la manière dont elles sont financées.
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Ce qui se passe à Berne dans ce domaine est intéressant à plus d’un titre. Le camp bourgeois, traditionnellement plus réticent à la transparence du financement de la vie politique, bouge. Les récentes campagnes menées par les ONG - sur la loi sur la chasse comme sur les «multinationales responsables» - n’y sont pas étrangères. La droite se rend compte tout à coup que les associations économiques ne sont pas les seules à pouvoir engager des millions pour faire campagne. La thématique est aussi question de générations. Les élus les plus jeunes y ont une sensibilité accrue.
«La politique n’est pas uniquement question de gros sous, comme tente parfois de le faire croire la gauche lorsqu’elle perd. Mais elle est bel et bien faite d’intérêts et d’influences.»
Se pose désormais une question de fond: suffit-il pour être transparent de dire combien on a investi? Ou faut-il aussi dire qui a donné l’argent? En privilégiant la première version, le Conseil des États surprend. Déclarer les budgets dès 50’000 francs comme il le propose, sans toutefois révéler les noms des auteurs de dons inférieurs à 25’000 francs, a quelque chose de frustrant.
La politique n’est pas uniquement question de gros sous, comme tente parfois de le faire croire la gauche lorsqu’elle perd. Mais elle est bel et bien faite d’intérêts et d’influences. Si la transparence totale est un leurre, lever un coin du voile tout en bouchant soigneusement le reste du tableau ne permettra pas aux citoyens de faire des choix plus éclairés.
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Éditorial – La transparence ne doit pas s’arrêter à mi-chemin