DiplomatiePas de changements majeurs avec l'Erythrée
La Suisse aimerait bien obtenir un accord avec le pays africain pour expulser les demandeurs d'asile déboutés. Mais il faudra du temps.

Berne n'en est qu'aux prémices d'un dialogue avec Asmara, a clarifié mardi le Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM). Et des progrès rapides ne peuvent se produire sur un claquement de doigt de parlementaires suisses.
La problématique des requérants d'asile érythréens est un thème récurrent aux Chambres fédérales. Cela fait cinq ans que les députés souhaitent un accord de réadmission qui permettrait à la Suisse d'expulser les demandeurs d'asile déboutés.
De retour d'Erythrée depuis quelques jours, une délégation de parlementaires a décidé d'ajouter son grain de sel. Ces élus souhaitent un dialogue sur la migration qui, à terme, rendrait possibles ces expulsions. La Confédération aspire aussi à un tel dialogue. Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
Pas de voyage prévu du Conseil fédéral
Certes, des discussions se tiennent entre la Confédération et le régime d'Asmara, et le SEM mène régulièrement des enquêtes sur le terrain afin de clarifier la situation. Mais la visite d'un membre du Conseil fédéral ne ferait sens que si quelque chose de concret était sur le point d'aboutir, a indiqué mardi Eduard Gnesa, ambassadeur extraordinaire pour la coopération internationale en matière de migration.
Or, la Suisse et l'Erythrée sont loin d'en être à ce stade, même si le Conseil fédéral a décidé l'automne dernier d'intensifier le dialogue. M. Gnesa compte avant tout sur la collaboration avec d'autres Etats. «Nous faisons notre possible, mais la Suisse seule ne peut pas aller très loin», estime-t-il.
Aide au développement ponctuelle
La Confédération se montre circonspecte face à une autre proposition de la délégation parlementaire. Il s'agirait de lancer un programme complet d'aide au développement en faveur de l'Erythrée.
La Suisse lui a déjà fourni une telle aide jusqu'en 2006. Le programme a ensuite été abandonné, car les conditions permettant un contrôle des prestations d'aide n'étaient plus réunies. Du matériel amené à titre humanitaire a par exemple été saisi par des militaires érythréens.
La Direction du développement de la coopération (DDC) estime que la situation ne s'est pas améliorée sur ce point: il manque des assurances nécessaires pour définir l'Erythrée comme une priorité de la coopération au développement. La Suisse fournit cependant une aide ponctuelle.
Elle soutient aussi depuis cette année le projet d'une organisation norvégienne en faveur des jeunes qui n'ont pas pu accéder à des formations. La Suisse appuie également ce projet en Ethiopie, où un grand nombre de réfugiés érythréens ont trouvé refuge.
Situation des droits humains connue
Le SEM souligne que la situation en Erythrée est analysée en continu. Les dernières évaluations ne laissent entrevoir ni des changements dans l'aide au développement, ni en matière d'asile.
Les requérants d'asile en provenance de ce pays, situé dans la Corne de l'Afrique, sont souvent accusés d'être des réfugiés économiques. Pour la Confédération, le problème n'est pas de savoir pour quelle raison une personne fuit son pays, mais plutôt de connaître les risques qu'il court s'il y est envoyé.
Sur ce sujet, il existe des milliers de témoignages, a relevé Eduard Gnesa. «C'est difficile pour moi d'entendre que l'on ne connaît pas la situation des droits de l'homme» sur place: elle est connue. Asmara n'autorise pas le Comité international de la Croix-Rouge à accéder à ses prisons, rappelle-t-il.
Certes, une délégation de l'ONU y a eu accès récemment pour la première fois depuis des années, mais elle n'a pas pu entrer dans les geôles militaires. Pour l'ambassadeur, «si l'Erythrée n'avait rien à cacher, elle les aurait ouvertes.»
Tableau plus complet
Pour le SEM, il est clair qu'aller jeter un coup d'oeil sur place ne permet pas de se faire une idée, pouvant entraîner un changement en matière d'asile et de politique de renvoi. Plusieurs rapports, dont celui du SEM réalisé pour le compte du Bureau européen d'appui en matière d'asile (EASO), permettent de dresser un tableau plus complet de la situation.
Sans oublier celui sur lequel travaillent actuellement les Départements fédéraux des affaires étrangères (DFAE) et de justice et police (DFJP). On peut ainsi en apprendre plus que le différend frontalier, qui existe entre l'Ethiopie et l'Erythrée ou sur l'exigence de l'Erythrée de faire lever les sanctions de l'ONU.
ats
Cet article a été automatiquement importé de notre ancien système de gestion de contenu vers notre nouveau site web. Il est possible qu'il comporte quelques erreurs de mise en page. Veuillez nous signaler toute erreur à community-feedback@tamedia.ch. Nous vous remercions de votre compréhension et votre collaboration.