Avant la guerre en Ukraine, tout le monde considérait le Département fédéral de la défense comme un ministère de seconde zone que chaque conseiller fédéral s’empresse de quitter dès qu’il en a l’occasion. Les temps ont changé. Viola Amherd a décidé de rester aux affaires militaires après avoir gagné sur les nouveaux avions de combat et obtenu une substantielle augmentation de son budget.
La Valaisanne s’en voit récompensée dans le sondage Tamedia, qui la juge pour la première fois la plus compétente des membres du Conseil fédéral. Tout baigne donc dans la politique de défense de la Suisse? Pas vraiment. Notre pays est critiqué par nombre de pays occidentaux pour sa politique de non-exportation ou de non-réexportation d’armes en faveur de l’Ukraine.
«Cette absence de déclaration crée un vide dans lequel s’engouffrent des partis en multipliant les propositions d’assouplissement.»
Dans ce climat tendu, les sept Sages ne parlent pas tous d’une même voix. Alors que Guy Parmelin insiste sur l’impossibilité pour la Suisse d’autoriser la réexportation d’armes en faveur d’un pays belligérant, Viola Amherd se montre très compréhensive envers les critiques venues de l’étranger. On comprend qu’elle est prête à lâcher du lest.
Le gouvernement a pourtant adopté une ligne stricte en matière de matériel de guerre. Il a refusé des demandes précédentes de réexportations d’armes suisses vers l’Ukraine. Mais il l’a fait de façon administrative. Il n’a pas assumé de dire haut et fort que la livraison directe ou indirecte d’armes suisses à l’Ukraine est tabou pour un pays neutre qui veut continuer à jouer un rôle humanitaire et de médiation au niveau mondial.
Cette absence de déclaration brouille l’image de la Suisse. Et elle crée un vide dans lequel s’engouffrent des partis en multipliant les propositions d’assouplissement et les pays étrangers qui continuent de frapper à la porte pour obtenir des armes.
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Éditorial sur le Conseil fédéral – Parler clair sur les armes
Viola Amherd est la ministre considérée comme la plus compétente, selon notre sondage. Mais un problème d’image de la Suisse se pose.