Sorties cinéma«One Piece: Red», «Dog»: quels films aller voir cette semaine?
Dans la torpeur de l’été, prenez une «gelato al limon» avec le crooner dans le docu «Via con me» ou sabrez les fausses notes avec le manga musical «One Piece».
«Dog» tient en laisse un soldat qui a du chien

En 2018, après avoir été obligé d’euthanasier son pitbull Lulu atteint d'un cancer, le comédien Channing Tatum dit avoir soudain compris la force du lien qui peut unir un homme et un chien. «Dog», sa première mise en scène, explore cette relation en bousculant la donne.
Ancien Ranger atteint de lésions cérébrales, Jackson veut amadouer son supérieur pour pouvoir retourner sur le terrain. Pour le tester, celui-ci lui soumet un challenge, ramener à l’autre bout du pays une chienne militaire, berger malinois frappé de stress post-traumatique et très agressif.

Combinant les codes du road trip et du buddy movie, cette comédie d’action sentimentale ressemble beaucoup aux projets prisés par Channing Tatum, «a priori impossibles et pourtant». Cet acteur, tout juste cité parmi les 100 personnalités les plus influentes aux États-Unis, avait déjà surpris en puisant dans son passé de strip-teaseur musclé pailleté pour produire et interpréter «Magic Mike». Loin du récit graveleux, la chronique biographique trouvait un ton fragile et le chemin vers le succès. Un troisième épisode est en cours de tournage sous la direction de Steven Soderbergh.
Dans le même style improbable, «Dog», disponible sur Amazon Prime Video, a assez de chien pour séduire les âmes tendres.
Note: *
«Via con me» célèbre le prince Conte

Depuis 1975, Paolo Conte, 85 ans, réserve ses élégances, loin des exhibitions tapageuses. Le documentaire musical de Giorgio Verdelli protège la belle ordonnance du dandy. Non pas que l’avocat d’Asti, descendant d’une famille de notaires, renie son parcours. Crooner et avocat, il dit avoir trouvé l’alibi parfait, celui qui permet d’aller d’une passion à l’autre, dans une liaison amoureuse qui ne peut tiédir.
La fougue, ici, vient des amis qui l’évoquent, tel ce musicien qui voit en Conte la quintessence de la chanson italienne, «comme le lézard concentre le crocodile». Roberto Benigni célèbre «la parcimonie de sa présence chic et classe», son frère Giorgio conte ses pudeurs, Isabella Rossellini et Jane Birkin restent amoureuses de son «allure».
Plus que dans ces affections, des extraits de concerts captés à travers les décennies confirment la permanence d’une personnalité. Le paradoxe Paolo Conte réside dans la constance d’un artiste aux repentirs multiples, lui qui aurait voulu être peintre ou écrivain. Alors il a inventé un langage, des émotions cryptées «sans rime ni mètre, où les mystères se cachent…»
Et Paolo Conte de poser son fin sourire quand il est demandé à ce chantre de la séduction s’il comprend mieux l’amour: «Je ne pense pas avoir appris quoi que ce soit dans mes ritournelles…»
Note: ***
«One Piece: Red», une pièce du puzzle d’un manga infini

Luffy et son équipage accostent pour assister à un festival de musique très couru. La chanteuse la plus populaire du monde, Uta, va en effet monter sur scène pour la première fois. Fille du légendaire pirate Shanks Le Roux, la rouquine aux allures de princesse punk possède un organe qui touche à la magie…
Les fans de l’univers «One Piece», décliné ici pour la quinzième fois, apprécieront. C’est en effet une année spéciale que 2022 pour ce manga qui cumule les records. Depuis le tome I en 1997, il y a 25 ans, Luffy, le héros de la série, a vagabondé dans plus de 100 volumes tirés à près de 500 millions d’exemplaires. Les experts estiment que la puissance de cette geste réside dans sa forte continuité, tout autant que son souci d’innovation. Dans cet épisode précis, la généalogie des héros était restée trouble et trouve soudain de spectaculaires explicitations en flash-back.
Au-delà, son créateur, Eiichiro Oda, 47 ans, dit mettre le point final à la série avec le feuilleton en cours de publication depuis le 25 juillet, et à ce jour, figure au «Guinness Book» comme recordman dans la catégorie «plus grand nombre d’exemplaires d’une même bande dessinée publiés par un seul auteur». Et comme la France trône en deuxième position sur le marché du manga, l’intérêt pour «One Piece: Red» s’en trouve décuplé.

Reste que cet univers aux codes subtils ne se savoure pas sans quelques clés… L’an prochain, la plateforme Netflix promet de produire la saga en cours de tournage depuis 2017. De quoi saisir le fin mot de ces histoires ramifiées à loisir. Sur papier, tablette ou écran, les béotiens finiront par comprendre.
Note: **
«La très très grande classe» mérite le zéro pointé

Nul besoin d’invoquer le Covid ou la peste, de pleurer sur la désertion des salles ou de maudire des scénaristes à la cervelle atrophiée par la canicule comme des plantes jaunies sur les balcons. Chaque été surgit une comédie française pourrie qu’aucun mot d’excuse ne pourra sauver. «La très très grande classe» postule au titre de navet de la saison, chronique d’une école que même l’élève Ducobu n’aurait osé imaginer.
Une prof, mocheté rondouillarde aux gros verres épais, lassée de gérer des élèves détestables, s’enchante d’être mutée dans un endroit de rêve. Mais la décision est annulée à la dernière minute. Non seulement Sofia doit reprendre ses fonctions après avoir dit ses vérités à ses odieuses ouailles mais elle affronte désormais une collègue du genre Miss perfection qui lui met la misère.
Bête et méchante, encombrée de gags pas drôles, laide à tous les étages, cette comédie est livrée par Audrey Fleurot et Melha Bedia. Il y a peu de chance pour qu’à la manière des Fabrice Luchini et Patrick Bruel dans «Les sous-doués» et autre «P.R.O.F.S.», la performance passe à la postérité.
Note: °
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