Rétrospective 2022Objets culturels: les coups de foudre de la rédaction
Théâtre, rock, musique classique et opéra, expositions et littérature: les incontournables de l’année écoulée.

Forcément, le choix apparaît subjectif. Les choix plutôt, en forme de coups de cœur. En une année de découvertes tous azimuts, les journalistes de la rubrique culturelle de la «Tribune de Genève» ont souvent vibré, certains sujets s’imposant plus durablement que d’autres. Théâtre, rock, musique classique et opéra, expositions et littérature: voici leurs incontournables de l’année écoulée.
Théâtre: un «Malade imaginaire» royal

Molière aura bel et bien régné sur 2022. L’année s’est ouverte sur son 400e anniversaire, pour se clore, à un mois près, sur la reprise de son «Malade imaginaire» avec le suprême Gilles Privat au Théâtre de Carouge. Il a fallu se pincer: n’entendait-on pas Poquelin en coulisse, ricanant sur notre vécu du Covid? Le virus, en passant, a eu un effet des plus curieux sur la fréquentation des salles genevoises, grossissant l’afflux vers les fringants plateaux du Carouge et de la Comédie – où son homonyme française est venue servir un «Tartuffe» –, mais le réduisant vers les scènes plus modestes. Admettons du reste que «Les Bovary» fignolés par Les Fondateurs aux Eaux-Vives a fait culminer le millésime. KBE
Rock: magistrale Björk

«Enfin libres!» Le 17 février 2022, lorsque est annoncée la levée des restrictions sanitaires liées au Covid, la Julie affiche en une la foule festivalière. La veille, Antigel laissait tomber le masque et le pass. L’été venu, Paléo revenait après deux ans d’absence, Stromae en tête d’affiche. Au Montreux Jazz Festival, la chanteuse islandaise Björk, accompagnée d’un orchestre symphonique, donnait une prestation magistrale. Des musiciennes, 2022 en verra beaucoup, de Diana Ross à Angèle, et les Suissesses Emilie Zoé, La Colère, Danitsa et Flèche Love. En Angleterre, pourtant, le «God Save the Queen» est devenu «God Save the King», noblesse oblige. FGO
Classique et opéra: Péter Eötvös émerveille

Une grande figure de la création contemporaine a traversé, en début d’année, le paysage genevois: le compositeur hongrois Péter Eötvös. Une semaine durant, son univers musical, exigeant et accessible, s’est déployé dans les salles de la ville, sous forme d’opéra – «Sleepless» au Grand Théâtre – en format symphonique, avec un choix de pièces jouées par l’OSR au Victoria Hall. Et enfin, coup de cœur, à travers un petit bijou de théâtre musical, «Le Dragon d’or», livré à la Comédie. Incarné par une troupe jeune et brillante et par les musiciens de Contrechamps, l’assemblage de scènes drôles et mélancoliques a laissé derrière lui un souvenir puissant. RZA
Expositions: mieux qu’un dessin

Tout n’était pas convaincant dans cette installation, mais «Pas besoin d’un dessin», visible au Musée d’art et d’histoire (MAH) du 28 janvier au 19 juin, a indubitablement marqué l’année expographique genevoise. Deux étages du bâtiment de la rue Charles-Galland ont été mobilisés pour marier par association d’idées 550 pièces tirées des collections à l’initiative d’un curateur extérieur, Jean-Hubert Martin. Chaque œuvre renouvelait son sens par sa proximité avec une autre, parfois de manière limpide, parfois de façon extravagante, surprenante et séduisante. Mention TB pour le Nuancier, palette chromatique rafraîchissante de 150 objets divers. Inoubliable. PZI
Littérature: un premier roman formidable

Une fois saisi, on ne le lâche plus. À l’heure où l’Europe retient son souffle, essayant de deviner le prochain coup de Vladimir Poutine sur l’échiquier mondial, Giuliano da Empoli lance dans l’arène «Le mage du Kremlin». L’écrivain italo-suisse de 49 ans, ancien conseiller du premier ministre italien Matteo Renzi, signe là un formidable premier roman qui vadrouille dans les coulisses du pouvoir russe et dans la tête de celui qu’il nomme le «Tsar». «Le mage», longue dissertation tenue par une éminence grise du nom de Vadim Baranov, vaut illico à son auteur le Grand Prix de l’Académie française et une inscription en haut de la liste du Goncourt. Qui finalement lui échappera. Dommage. PZI
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