L’histoire du jourNyon victime de racisme ordinaire
À Bellinzone, des insultes racistes ont été proférées contre des joueurs de couleur du club vaudois. Varujan Symonov dénonce, la Ligue condamne.

Samedi dernier, le Stade Nyonnais a concédé au Tessin sa sixième défaite de la saison en Promotion League. Alors que le visiteur avait ouvert le score par Escorza (10e), il a été battu 2-1 suite à un doublé de Basic (60e et 87e). Mais ce que l’on retiendra surtout d’un match marqué par le retour d’un certain Marco Schällibaum (60 ans), remplaçant le Genevois Jean-Michel Aeby sur un banc tessinois qu’il avait déjà occupé entre 2008 et 2010, c’est le climat détestable dans lequel la partie s’est déroulée, y compris après le coup de sifflet final.
«Des «pfui, bimbo» ont fusé, d’autres insultes aussi. Comment peut-on encore entendre des cris de singe en Suisse en 2022?»
On évoque ici des insultes inadmissibles proférées contre des joueurs de couleur de Colovray, agressés verbalement par les tifosi garnissant la tribune du Communale. Varujan Symonov a été estomaqué par ce qu’il a entendu et ce qui devait également lui être rapporté alors que le directeur général avait quitté les gradins pour rejoindre les vestiaires afin d’y retrouver ses joueurs.
«Mon épouse elle-même a été choquée, elle en a presque pleuré. À la fin, toute la tribune s’est levée pour insulter nos joueurs de couleur. Des «pfui, bimbo» ont fusé, d’autres insultes aussi. Comment peut-on encore entendre des cris de singe en Suisse en 2022?»
Ouverture d’une enquête?
Au sud des Alpes, on a eu droit à un nouvel épisode de la chronique du racisme ordinaire comme il s’en produit hélas chaque week-end. Un de plus, un de trop? «Je n’ai jamais vécu ça de toute ma carrière, assure le dirigeant vaudois. Lorsque l’on s’est offusqué d’un pareil traitement, un journaliste local nous a répondu que cela se produisait souvent. «Ah, mais c’est normal chez nous», a-t-il même convenu. Mais on va où comme ça? Ce n’est plus la Suisse là-bas, c’est déjà la Ligue du Nord xénophobe…»
Après les dérapages dont ont été victimes Belly Vumbi Bundu et plusieurs de ses coéquipiers (lesquels se réservent le droit de déposer une plainte pénale), Varujan Symonov n’entend pas en rester là, exigeant l’ouverture d’une enquête de la part des responsables de la première ligue. «On ne peut pas cautionner cela. Je vais défendre mes joueurs jusqu’au bout. Si la Ligue ne bouge pas, ses dirigeants vont apprendre à me connaître!»
«Le racisme n’a pas sa place dans le football, ni nulle part ailleurs.»
Alertée par Nyon dès ce week-end, la première ligue, qui a hérité du dossier, a réagi lundi après-midi en publiant sur son site un communiqué dans lequel son président condamne avec la plus extrême fermeté toute forme de discrimination. «Le racisme n’a pas sa place dans le football, ni nulle part ailleurs», écrit Samuel Scheidegger.
Responsable du comportement de ses pseudo-fans, Bellinzone s’expose à des sanctions, limitées à des mesures pécuniaires. Faute d’un arsenal plus répressif au niveau du règlement disciplinaire de l’ASF, Nyon devra s’en contenter.
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