Leur hostilité envers l’autoroute du Chablais leur a valu des accusations d’ingérence en France. Les Genevois qui la combattent tombent aujourd’hui de leur chaise en apprenant que le financement vient en bonne partie de Genève par le biais de la rétrocession des fonds frontaliers. Annecy réplique que cet argent est à sa disposition, sans droit de regard helvétique.
Soyons clairs. Cette rétrocession est juste, et même peut-être chiche au vu des charges publiques que chacun génère à domicile. Mais elle n’en a pas moins constitué à l’origine un geste facultatif du Canton en faveur d’une construction régionale commune. Le voilà bien remercié. Car son inquiétude est fondée. Les études françaises prédisent que 42% du flux matinal qui roulera de Thonon à Machilly se déversera sur des routes menant droit aux douanes suisses. Un vrai cadeau.
De son côté, le Canton s’apprête à déposer à Berne son dossier pour une traversée du lac. Un tracé dont on sait qu’il impliquerait des hausses du trafic sur les artères gessiennes et haut-savoyardes. C’est donc match nul et balle au centre dans ce duel clochemerlesque. Annecy dit à raison que les critiques envers l’autoroute du Chablais sont politiques. Mais elles le sont tout autant que le choix, qui a été le sien durant dix ans, de puiser un magot de 100 millions d’euros dans les fonds frontaliers tout en sollicitant des rallonges suisses pour des projets plus en phase avec une mobilité durable.
Au final, Suisses et Français sont donc d’accord pour trouver la voiture bien pratique. Et pour juger ses nuisances fort bénignes quand elles sont infligées aux voisins. Pendant ce temps, la Terre se réchauffe. Et cela, ce n’est pas politique, même s’il faudra bien que la politique s’y attelle un jour. Pour de bon
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L’éditorial – Nuisances et argent sans frontières
Les Genevois apprennent que le financement de l’autoroute du Chablais vient en bonne partie de la rétrocession des fonds frontaliers.