BerneNouvelle aide annuelle de 26 millions à l’Afghanistan
Le conseiller fédéral Ignazio Cassis a annoncé que la Suisse réitérait son soutien à Kaboul jusqu’en 2024, exigeant en contrepartie des engagements du gouvernement afghan.

La Suisse renouvelle son aide de 26 millions de francs par an à l’Afghanistan jusqu’en 2024. Lors de la réunion de donateurs hybride depuis Genève, Ignazio Cassis a demandé mardi un plan clair. Le président afghan Ashraf Ghani veut lui un cessez-le-feu immédiat.
Cette conférence «peut donner un élan important au développement pacifique» de l’Afghanistan, a affirmé le conseiller fédéral. Malgré les effets du Covid, Berne renouvelle l’enveloppe annoncée il y a quatre ans.
Mais comme de nombreux autres acteurs, elle exige des engagements du gouvernement afghan. La Suisse veut «un plan de développement clair» pour l’ensemble de l’Afghanistan avec des objectifs «prudents et réalistes», a insisté le conseiller fédéral qui a notamment rencontré à Genève ses homologues finlandais et afghan, de même que le ministre afghan des finances.
Le financement devra atteindre tous les Afghans, même les régions difficiles d’accès en raison du conflit et les composantes plus vulnérables de la population. Au terme de cette réunion de mardi, Kaboul va s’engager sur un tel plan qui conditionnera formellement pour la première fois l’aide de la communauté internationale à ce pays.
ONU inquiète sur le Covid
«Bien des choses dépendent de la conférence», a encore ajouté Cassis. Cette réunion, qui a lieu tous les quatre ans, est censée être la dernière avant davantage de responsabilités pour l’Afghanistan. Mais plusieurs acteurs anticipent un maintien de l’aide internationale après 2024 en raison des effets du Covid. Parmi les premières annonces mardi, l’UE a maintenu son enveloppe de 1,2 milliard d’euros d’il y a quatre ans pour la période de 2021 à 2025. La Grande-Bretagne va, quant à elle, donner environ 188 millions de francs.
Dans les discours, de nombreux acteurs ont relevé l’importance de rassembler tous les citoyens pour une paix durable dans ce pays. Ghani a demandé de son côté un moment de silence pour les victimes de dizaines d’années de violences, alors que plus de 100’000 personnes ont été tuées ou blessées en une dizaine d’années.
Les violences sont encore régulières, alors que des pourparlers de paix stagnent depuis deux mois entre le gouvernement et les talibans au Qatar. Du secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres aux chefs de la diplomatie finlandaise Pekka Haavisto, qui copréside la réunion avec l’ONU et l’Afghanistan, et européenne Josep Borell, les appels à un «cessez-le-feu immédiat» ont été nombreux. Une demande également relayée par le président afghan.
Guterres s’est dit inquiet pour la situation humanitaire dans ce pays, qui pourrait encore se détériorer cet hiver en cas d’explosion de cas de Covid, alors même que les systèmes de santé et économique sont déjà fragilisés. «Un moment critique» pour le pays, selon son chef de la diplomatie Mohammad Haneef Atmar.
Discours de Pompeo prévu
Environ 60 pays et l’UE sont réunis, en ligne à l’exception des coprésidents et du conseiller fédéral. Le gouvernement s’engage formellement à préserver les avancées sur les droits humains, notamment l’émancipation des femmes, et faire mieux contre la corruption.
Ghani a notamment relayé la volonté de son pays d’étendre les efforts sur les énergies renouvelables, l’unité nationale, le rôle de la société civile ou encore la collaboration régionale. «Ce serait un défi très important» de devoir faire face à ces questions et aux conséquences de la pandémie avec moins d’aide, a-t-il affirmé.
Près de 10 millions d’Afghans ont besoin d’aide humanitaire. Selon l’ONU, 16,9 millions de personnes, soit plus de 40% de la population, font face à une malnutrition aiguë sévère. Les désastres naturels ont fait cette année plus de 100’000 déplacés. Lundi, le Haut-commissaire de l’ONU pour les réfugiés Filippo Grandi, de retour d’Afghanistan, a demandé de ne «pas oublier» ce pays.
La réunion est prévue aussi quelques jours après l’annonce de Donald Trump d’un retrait de milliers de soldats américains d’Afghanistan. Le secrétaire d’État Mike Pompeo doit s’exprimer dans l’après-midi.
ATS/NXP
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