Le nombre de travailleurs frontaliers à Genève a atteint un nouveau record en 2022. Notre canton en comptait 104’357 à la fin de décembre, selon les derniers chiffres fournis mardi par l’Office cantonal de la statistique. C’est que l’économie genevoise, dynamique, crée davantage d’emplois que le nombre d’actifs résidents ne peut occuper. Une aubaine pour certains en France voisine.
Selon les milieux économiques genevois, l’augmentation du nombre de travailleurs frontaliers est un indicateur positif de la prospérité du canton, laquelle profite aussi à la France voisine.
«Il est temps d’envisager, sinon une décroissance, du moins un autre modèle de croissance, plus équilibré, pour notre région.»
Une demi-vérité. Car le phénomène ne profite pas à tout le monde dans la région. Pas à la majorité des actifs savoyards ou aindinois, qui, travaillant en France voisine et payés en euros, peinent à vivre et à se loger dans des départements chers à cause de l’«effet suisse». Pas aux employeurs français qui, ne pouvant régater contre l’attractivité des salaires proposés par leurs homologues helvètes, peinent à recruter. Pas au système de santé des départements français frontaliers, qui, notamment à cause de soignants partis travailler «sur Suisse», est dans une situation critique. Pas non plus aux communes françaises et genevoises de transit, qui étouffent sous le lourd trafic transfrontalier.
Certes, le Grand Genève est une réalité géographique, historique, culturelle et économique. C’est aussi une expérience politique intéressante. Mais son développement, manifestement mal maîtrisé, génère encore trop d’inégalités et de tensions socioéconomiques; trop de nuisances environnementales aussi.
Il est temps d’envisager, sinon une décroissance, du moins un autre modèle de croissance, plus équilibré, pour notre région. À commencer par une vision, claire et affirmée, de notre destin commun.
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Éditorial – Frontaliers à Genève – Nouveau record atteint. Stop ou encore?
Le nombre de travailleurs provenant de France voisine ne cesse de progresser. Le phénomène n’est pas sans conséquences socioéconomiques et environnementales. Et interroge sur le développement du canton.