
Genève, 6 février
Le 19 février 1803 (30 pluviôse an XI), par l’acte de Médiation, le premier consul de la République française redessine les frontières cantonales et, surtout, met à égalité les six nouveaux cantons [parmi lesquels Vaud mais pas Genève qui est alors préfecture française] avec ceux de l’ancienne Confédération des treize cantons.
Bonaparte impose donc le fédéralisme, partageant le pouvoir avec la Diète fédérale et les gouvernements des dix-neuf cantons, lesquels ont tous également leur propre Constitution.
Ainsi il restitue aux Suisses le plein exercice de la souveraineté politique, supprimée le 12 avril 1798 lorsque leur fut imposée par la France du Directoire la République helvétique.
L’Acte de médiation consacre le plurilinguisme, le français et l’italien y sont reconnus officiellement en plus de l’allemand.
Cet événement, précurseur de 1848, mit fin à la chienlit due au régime d’État satellite de la France, ainsi qu’aux guerres intestines et étrangères suscitées par cette dernière sur son territoire; de plus il offrit dix années de paix à notre pays alors que la guerre sévissait dans toute l’Europe.
Alors que Bonaparte réglera au pas de charge le sort de certains pays, que ce soit à la force des baïonnettes ou en quelques traits de plume pour la Belgique et l’Italie, il prendra le temps d’écouter et de noter les suggestions des 56 représentants des cantons, y compris leur société civile, qu’il accueille à Paris le 10 décembre 1802 en leur déclarant: «La nature a fait votre État fédératif, vouloir la vaincre ne peut être d’un homme sage.»
Selon l’historien François Jequier, professeur à l’Université de Lausanne, il n’y a pas de pays auquel Bonaparte ait consacré autant de temps que la Suisse. En effet l’Acte de médiation, sorte de compromis entre fédéralisme et centralisation, n’a pas été rédigé entre deux portes mais négocié durant trois mois, sans être imposé parce que Bonaparte voulait l’accord des Suisses. On peut donc en conclure que Bonaparte a, en quelque sorte, inventé le «Sonderfall» puisque la Suisse ne ressemble à aucun autre pays, en dépit des discours simplistes et sous-informés tenus au détriment de l’objectivité.
Jacques Hämmerli
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