Le Conseil d’État a tranché mercredi. Et c’est non! La candidature d’Eric Bauce au poste de recteur de l’Université de Genève est recalée. L’Assemblée de l’Université genevoise qui avait choisi ce vice-recteur de l’Université Laval, au Québec – surnommé la Belle Province – peine à digérer le camouflet.
On comprend le ressentiment de ses membres, même si chacun n’a fait en réalité que jouer le rôle que lui assigne la loi sur l’Université. L’un procéder à une sélection des candidatures, l’autre nommer. Ou pas.
En apparence, le fait d’écarter un candidat étranger ressemble forcément à un repli sur soi. Certes, mais les arguments avancés par Anne Emery-Torracinta et le Conseil d’État pour expliquer la décision sont un peu plus subtils.
Le premier argument est la méconnaissance totale du système politique suisse et des enjeux qui attendent les hautes écoles. Pas grave, cela s’apprend, direz-vous. Oui, mais l’Université a besoin très rapidement d’un timonier opérationnel pour affronter les tempêtes qui arrivent, répond le Conseil d’État. Et sans carnet d’adresses, Eric Bauce aurait été à la peine. En tous les cas durant une longue durée.
Le second argument tient à l’âge (62 ans). Le candidat n’aurait pu effectuer qu’un seul mandat. Cela aurait été trop court en partant de si loin.
Ce qu’il faut retenir de cela, c’est que les capacités managériales, les compétences scientifiques ou le projet d’évolution de l’Université d’Eric Bauce ne sont pas remis en cause par la décision du Conseil d’État. Ce sont des critères plus «politiques» qui ont été évoqués, alors que l’Assemblée de l’Université a vraisemblablement davantage valorisé les autres qualités du Québécois. Que les réponses des deux organes aient été différentes n’est donc finalement pas si étonnant.
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Éditorial – Non-nomination du recteur: Genève, la belle provinciale?
Le refus mercredi du Conseil d’État de nommer recteur un candidat étranger choisi par l’Assemblée de l’Université tient-il d’un réflexe provincial? Le fond de l’affaire réside davantage dans un accent différent mis sur certains critères de sélection.